VOCABULAIRE CONTENANT LES TERMES ET EXPRESSIONS NAUTIQUES LES PLUS USITÉS EN VOILERIE.

A

ADONNER. — Synonyme d'allonger; on dit: a toile a adonné, c'est-à-dire qu'elle a cédé, allongé. (V. Allongement.)

AIGUILLE. — Les aiguilles à voiles sont cylindriques vers le chas (trou par lequel passe le fil) et triangulaires vers la pointe. Le carrelet le l'aiguille est cette partie triangulaire, dont les arêtes doivent être adoucies sous peine de couper les fils de la toile.

Il y a quatre espèces d'aiguilles à voiles: ce sont les aiguilles à ralinguer, à basaner, à faire des œillets et à merliner et enfin les aiguilles à coudre.

Il y a quatre sortes d'aiguilles à ralinguer. La première sert à coudre les ralingues de 0m,150 à 0m,160 de grosseur. Elle traîne 8 à 10 fils. Sa longueur est de 0m,14 à om,15 sur 0m,007 de large aux faces du carrelet et 0m,005 vers le chas. La seconde grandeur sert aux ralingues de 0m,130 à 0m,140. Elle traîne 8 à 10 fils. Sa longueur est de 0m,13 sur 0,005 au carrelet et 0m,004 auprès du chas. La trosième grandeur sert aux ralingues de 0m,11 à 0m,12. Elle traîne 6 à 8 fils. Sa longueur est de 0m,115 sur 0m,006 au carrelet et 0m,004 auprès du chas. La quatrième espèce est employée pour les ralingues de 0m,09 à 0m,10. Elle traîne de 4 à 6 files. Longue de 0m,095, elle a 0m,005 de large au carrelet et 0m,003 auprès du chas.

Il y a deux grandeurs d'aiguilles à basaner. La première est longue de 0m,130 sur 0m,005 de largeur au carrelet et 0m,004 vers le chas. La seconde espèce a 0m,115 de long sur 0m,004 de large au carrelet, et 0m,003 auprès du chas.

Les aiguilles à faire des œillets et à merliner sont longues de 0m,095 et au delà. elles traînent 4 fils.

Les aiguilles à coudre sont de trois sortes. La première est appelée aiguille n° 7; Elle est longue de 0m,095. Dépointée, elle sert à ralinguer à deux fils. La deuxième espèce, dite aiguille n° 6, est longue de 0m,075. La troisième sorte, connue sous le nom d'aiguille n° 5, est longue de 0m,065. On l'emploie peu, parce qu'elle est trop grosse pour sa longueur.

C'est pour les aiguilles à coudre principalement qu'il est nécessaire d'adoucir les arêtes du carrelet avant de s'en servir.

AILERON. — Terme d'atelier qui signifie l'ensemble de pointes de côté d'une voile carrée. Ainsi on dira; l'aileron de tribord d'un hunier, d'un perroquet, etc.

ALLONGE. — C'est la réunion des bouts de laizes employés à augmenter la chute d'une voile carrée. L'allonge s'assemble à part; ensuite on la pose à points debout, et si l'écart en plein n'est pas sous une bande de ris on le recouvre avec un renfort large de 0m,05.

ALLONGEMENT. — C'est l'effet inévitable du premier travail que fait un cordage neuf. L'allongement est, au contraire, peu sinsible dans les cordages qui ont servi. C'est pour cela qu'on emploie pour certaines ralingues des filins demi usés, et que, lorsqu'on en emploie de neufs, il faut les faire allonger sous le palan, afin qu'une fois placés dans la voile ils n'y allongement plus.

Les toiles à voiles ont aussi leur allongement, qui a lieu en chaîne, à cause de leur mode de fabrication. Notre expérience nous porte à croire que cet allongement est d'environ 0m,03 par mètre courant dans les toiles de la marine impériale.

ALLURE. — Direction de la route par rapport au vent. On en distingue trois principales: l'allure du vent arrière, l'allure largue et l'allure du plus près.

L'allure du plus près, où toutes les voiles portent ensemble, est celle où on peut juger la coupe et la confection d'une voilure. Si cette coupe et cette confection sont bonnes, on n'a pas besoin de haler les boulines pour porter au vent. Sous ce rapport les Anglais, dont beaucoup de navires naviguent au plus près sans boulines, nous ont été longtemps supérieurs.

ALLURES. — Qualités bonnes ou mauvaises d'un navire. On dit qu'un navire a de bonnes ou de mauvaises allures, suivant qu'il gouverne bien ou mal, que ses mouvements sont doux ou durs, qu'il tient bien la mer, ou qu'il embarque de l'eau, etc.

AMARRAGE. — Attache qu'on fait de deux filins l'un sur l'autre au moyen d'un autre beacoup plus faible. En voilerie ce mot, l'amarrage, s'entend surtout de celui qu'on fait aux points d'écoute des voiles pour prévenir l'écartement des ralingues et ménager la toile à l'angle du point. Il ne faut pas que l'amarrage des points d'écoute comprime le filin, il doit être sans bridure et couché sur la toile, de manière à laisser les deux ralingues libres dans leur action. Les amarrages bridés ont pendant longtemps causé la rupture des points d'écoute.

AMURE. — Cordage qui sert à établir du côté du vent le point inférieur d'une basse voile. Les voiles auriques et latines ont des amures presque toujours dormantes, cést-à-dire amarrées à poste fixe. Les bonnettes ont des amures qui sont des manœuvres courantes. On dit qu'on a les amures à tribord ou à bâbord, pour indiquer que le vent est reçu par tribord ou par bâbord.

ANCRE FLOTTANTE (fig. 170. pl. XI). — C'est un rectangle en toile très-forte, transfilé sur un cadre en bois ou en corde, et destiné à maintenir le navire contre la grosse mer, lorsqu'on ne peut pas employer d'autres moyens.

L'ancre flottante est faite avec deux prélarts assemblés, piqués et faufilés, dont les coutures sont verticales. Tout le tour des gaînes est garni d'œillets de transfilage. On en perce aussi deux rangées sur les diagonales.

Pour employer l'ancre flottante on en monte d'abord la carcasse. Elle est faite avec deux espars croisés et fortement bridés à leur milieu. Leur longueur est un peu plus grande que celle des diagonales du rectangle. Une filière bridée sur les quatre extrémités des espars les assujettit, et sert à transfiler le contour de l'ancre flottante, qu'on transfile aussi sur les espars eux-mêmes au moyen des lignes diagonales d'œillets mentionnées plus haut.

Une patte d'oie à cinq branches est frappée sur les bouts des espars, et sur son œil on amarre un grelin qui ser de cable à l'ancre flottante. Quatre des branches de la patte d'oie sont fixées sur les quatre bouts des espars en croix. La cinquième branche, plus courte et plus grosse que les autres, est amarrée sur la bridure centrale et sert à maintenir les espars, qui, sans cela, pourraient casser au milieu quand l'ancre fatigue. Pour l'empêcher de plonger trop, ou de quitter la position verticale nécessaire à sa résistance à l'eau, l'ancre flottante porte à sa partie supérieure un orin et une bouée. Un hâle à bord sert à rentrer l'appareil.

Connue aussi sous le nom d'ancre de cape, l'ancre flottante est fort utile pour tenir un navire debout à la lame, et le soutenir contre la dérive. Il est à regretter que l'emploi n'en soit pas plus habituel dans la marine, et que des expériences concluantes n'aient pas généralisé la connaissance des services que peut rendre cet appareil, très-simple dans sa confection, et que peit quelquefois être si utile.

La batterie flottante la Tonnante, armée à Brest pour la guerre d'Orient, avait une ancre flottante faite dans le système qu'on vient d'indiquer.

ANTENNES. — Vergues des voiles latines. Elles sont longues et formées de plusieurs pièces roustées ensemble.

A cause de ces vergues, qui leur sont particulières, les voiles latines enverguées s'appellent aussi voiles à antennes.

L'amure des voiles à antennes est ordinairement mobile suivant les allures. Au plus près on la hâle à bloc. Si le vent adonne, on mollit l'amure. Mollir le devant est l'expression usitée en pareil cas. La vergue devient presque horizontale, et quand on l'amène à cause du mauvais temps, la voile très-inclinée à l'horizon ressemble presque à une tente. On fait très-sûrement vent arrière dans cette position, la barque roulant peu et ayant son centre de voilure très-abaissé.

Le point de drisse est ordinairement au cinquième de l'antenne.

APIQUAGE. — Synonyme d'inclinaison. L'apiquage d'une voile aurique est l'angle de sa corne ou de sa draille avec l'horizon. Le meilleur apiquage est celui qui donne à l'envergure et à la bordure d'une voile des coupes moyennes aussi rapprochées que possible du droit fil.

ARAIGNÉES. — Espèce de réseau composé de branches en filin, ou en ligne, qui partent toutes d'un même point et vont s'amarrer dans des directions divergentes. Il y en a plusieurs sortes. Les araignées de hamacs on dix-huit branches en ligne, longues de 0m,75, et capelées sur une bague en fer qui sert à crocher le hamac.

Les araignées de tente sont en ligne, frappées sur le nerf du milieu, et passent dans les trous d'un morceau de bois rond, au bout duquel est un réa tenant lieu de poulie, dans lequel passe un cartahu qui soutient la tente pour qu'elle soit horizontale. Quelquefois l'araignée de tente est remplacée par une patte d'oie.

ARDENT. — Un navire ou un canot est ardent quand il tend toujours à venir au vent. Maintenue dans de certaines bornes cette tendance est une qualité précieuse.

ARRONDIR. — Ajouter à une voile un rond, ou surface courbe extérieure, sur certaines côtes. Arrondir une voile, c'est aussi rectifier les courbes de ses côtés au moyen de règles ployantes.

ARTIMON DE CAPE. — Ou artimon. Voile qui remplace la brigantine dans le mauvais temps. L'artimon s'envergue sur la corne de brigantine et sur le mât d'artimon. Il se borde sur le couronnement.

ASSEMBLÉE. — Réunion de toutes les laizes qui composent une voile ou un objet de voilerie quelconque.

ASSEMBLER. — Synonyme de coudre. Assembler des laizes, c'est les réunir par les coutures que comporte le genre de travail auquel elles sont destinées.

ATTRAPES. — Bouts de filin frappés sur les côtés des tentes et tauds. Ils servent à roidir leurs surfaces sur les filières et montants disposés à cet effet.

On donne aussi le nom d'attrapes à des bouts de ligne que, pour faciliter la prise des ris, certaines capitaines font espacer de distance en distance entre l'envergure et le bas ris des voiles majeures. Ces bouts de ligne descendent verticalement et sont genopés sur toutes les filières. Ils servent à hâler commodément les bandes de ris sur la vergue.

AURIQUE (Voile). — Nom générique de toutes les voiles quadrangulaires faites pour tenir le vent, et qui, n'étant pas symétriques, ont un côté d'amure invariable.

Les brigantines, artimons, voiles d'étai sur cornes, etc. sont des voiles auriques.

Les voiles d'embarcation, plus spécialement appelées voiles à bourcet, les flèches-en-cul, sont aussi des voiles auriques.

Au contraire les bonnettes, bien que quadrangulaires, n'en sont pas.

La coupe courbe est essentielle pour les voiles auriques, aussi sont-elles la pierre de touche des voilers.

B

BAGUE. — Synonyme d'Anneau. On en emploie de beaucoup de sortes dans la voilerie. Des bagues en ligne servent à soutenir les œillets de ris, de tétière et autres. Des bagues métalliques peuvent servir au même usage, mais l'emploi des bagues en filin nous a semblé préférable après expérience, parce que la bague métallique ne retient pas la toile, qui finit par s'échapper lorsque, après un certain usage, ses fils se sont allongés et usés sous la bague. Pourtant certains bâtiments de commerce emploient les bagues métalliques pour les œillets de ris, mais alors elles sont posées par-dessus des bagues en corde, qu'elles protégent, et qui maintiennent la toile des œillets. Ainsi employées ces bagues métalliques sont très-bonnes.

On peut encore s'en servir avec avantage pour protéger les œillets de transfilage des tentes, dont la garniture s'use toujours très-rapidement.

On nomme aussi bagues des anneaux en fer ou en bois dans lesquels courent les drailles de certaines voiles.

BAGUE A QUEUE. — Bague en filin dont les bouts ont été tressés de manière à forme une queue, qui est ainsi très-fortement fixée à la bague elle-même er sert à la maintenir. Usitée depuis longtemps au commerce, cette bague sert au montage des pattes à cosses, et aussi pour les œillets de tente.

BAÏONNETTE. — Nom qu'on donne quelquefois au bout-dehors de clin-foc.

BALANCELLE. — Embarcation, originairement napolitaine, en usage dans la Méditerranée. La balancelle est pointue des deux bouts, et navigue alternativement ou simultanément à la voile et à l'aviron. Il y en a de fort rapides, et leurs voiles latines sont ordinairement très-bien faites.

BALANCINE. — Manœuvre courante qui sert à soutenir les extrémités des vergues, à les dresser ou à les apiquer.

BALEINIÈRE. — Embarcation longue et étroite employée à la pêche par les navires baleiniers.

Depuis quelques années la marine impériale emploie beaucoup de baleinières, en remplacement des anciennes yoles et gigs, auxquels, en effet, les baleinières sont très-supérieures.

Celles de l'État sont à clins, comme celles de pêche, mais plus larges, plus fortes et plus capables de porter la voile. Elles ont une quille et un gouvernail, tandis que les baleinières de pêche sont plates et gouvernent avec un aviron de queue.

BANC DE VOILIER. — Siége sur lequel est assis l'ouvrier pendant son travail. Ces bancs ont environ 0m,60 de long sur 0m,35 ou 0m,40 de hauteur et sur 0m,25 de larguer. Une petite boite, placée à chaque bout, renferme du fil, des aiguilles et les autres accessoires nécessaires. Des trous percés dans le banc reçoivent les épissoirs, écrous, poinçons, etc.

Pour qu'on voilier soit bien assis, il faut que ses pieds reposent à plat et que les genoux soient au niveau des hanches. Il ne doit pas contracter la mauvaise habitude de se courber sur l'ouvrage, mais se tenir droit sans roideur.

BANC DE TRACTION. — Outil d'atelier pour tendre sur place une partie de ralingue, amarrage, etc.

Il se compose de deux montants verticaux, maintenus à leur distance par deux traverses horizontales (fig. 166, pl. X). Les deux montants et la traverse inférieure sont en bois dur; la traverse du dessus peut être en sap.

Sur un des montants est un piton, qui sert à faire le dormant de la corde qu'on veut roidir. Sur le montant opposé est un fort massif en bois, garni de plaques en fer, et traversé par une vis à manivelle qui donne la tension.

Les dimensions de pièces principales sont les suivantes:

Longueur totale. 1m,80
Largeur et épaisseur des montants. 0 ,20
Hauteur totale. 0 ,75
Épaisseur de la traverse inférieure. 0 ,05
Épaisseur de la traverse supérieure. 0 ,06
Longueur de la vis. 0 ,70
Diamètre de la vis. 0 ,06
Longueur de l'émérillon. 0 ,20
Diamètre de l'émérillon. 0 ,08
Rayon de la manivelle. 0 ,30

BANDE. — Nom commun à toutes les laizes ou fractions de laize qui sont employées comme renfort dans les voiles. Quand la bande renforce un ris, elle prend le nom de bande de ris.

BAPTÊME. — C'est l'ensamble des marques inscrites sur les voiles pour en indiquer le nom, l'époque de fabrication, etc. (Voir au texte.)

BARRES. — Traverses en bois placées sous le capelage des mâts de hune pour donner de l'empâture aux haubans et galhaubans de perroquet.

BASANE. — Cuir souple dont on recouvre les ralingues pour les garantir contre le ragage des étais et autrés manœuvres.

BASANER. — Coudre la basane autour d'une ralingue de bordure.

BASSES VOILES. — Sur tous les navires qui ont plusieurs voiles, superposées c'est le nom des voiles principales portées sur les bas mâts. Quand le navire est carré, les basses voiles le sont aussi. Quand le navire est grée en goëlette, les basses voiles sont les deux voiles auriques, celles que sur un brick on appellerait brigantine et misaine goëlette.

BASTINGAGES. — Caissons en bois ou en filets, montés ordinairement sur le haut des murailles du navire pour loger les hamacs, ou dans le faux pont, pour loger les sacs d'équipage.

On nomme aussi bastingages en toile de fausses murailles en toile peinte, montées sur chandeliers.

Les toiles de bastingages sont enduites avec de l'huile chaude, puis peintes, et enfin doublées d'une seconde toile intérieure, qu'on n'huile ni ne peint, parce qu'elle doit porter sur les hamacs. A l'extérieur du navire les toiles de bastingages sont fixées sur le haut des caissons au moyen de lattes clouées. A l'intérieur elles portent des œillets et sont transfilées sur pitons.

BÂTARDE. — Synonyme de Semblable. On dit que deux voiles sont bâtardes quand elles ont les mêmes dimensions et qu'elles peuvent se remplacer réciproquement. Les bâtiments à vapeur ont souvent des voiles bâtardes. Autrefois les bricks avaient souvent une mâture haute bâtarde au grand mât et au mât de misaine. On y a renoncé, malgré certains avantages incontestables, parce que les bâtiments fatiguaient beaucoup, étant trop chargés de l'avant; la marche même était diminuée par suite de ces fatigues.

BATEAU. — Petite embarcation ordinairement employée à la pêche ou au batelage.

Le bateau breton, autrement dit plougastel (fig. 175, pl. XI), est un type dont la réputation est très-méritée, mais qui, malheureusement, tend à se perdre, et nous croyons utile d'en dire quelques mots.

Les renseignements qui vont suivre ont été recueillis aux ports de Brest et de Lorient.

La coque est large et forte, et a le maître bau en avant du milieu. Elle a peu de quête et peu d'élancement. L'étrave et l'étambot sont courbes. Le type se perpétue par tradition. Les voiles sont faites par les pêcheurs eux-mêmes. Ils est de règle que leurs deux chutes soient parallèles aux mâts, qui sont inclinés tous les deux sur l'arrière d'environ 20 degrés; que la misaine soit beaucoup plus petite que la grand'voile (du 1/3 au ¼ comme surface); que les deux envergures soient au droit fil, et que la coupe des laizes de chute arrière y soit aussi.

Au reste, voici le devis d'un de ces bateaux, d'après le type le plus ancien que mous ayons pu nous procurer.

Longueur de tête en tête de dedans en dedans. 7m,00
Largeur au maître hors bordages. 2 ,50
Élancement de l'étrave à la saillie de sa oourbure. 0 ,25
Quête de l'étambot à la saillie de sa courbure. 0 ,14
Creux sur quille avant. 1 ,40
Creux sur quille arrière. 1 ,15
Hauteur du plat bord au-dessus des bancs. 0 ,32
Creux à l'emplanture du grand mât. 0 ,60
Creux à l'emplanture du mât de misaine. 0 ,45
Inclinaison des mâts sur l'arrière. 20°

Le grand mât est égal à la longueur du bateau en dedans. Son emplanture est juste au milieu de cette longueur.

Le mât de misaine a au-dessus de la fargue une longueur égale aux 47/100, soit environ la moitié, de celle du canot. Son emplanture est sur l'étrave même, et il est appuyé contre un petit banc, qui est à peu près au premier vingtième de la longueur en dedans de l'étrave. On mesure à bord la distance de ce banc à l'emplanture pour compléter la longueur totale du mât de misaine.

La grand'vergue est égale en longueur aux 64/100, soit environ 2/3, du grand mât.

La vergue de misaine est égale aux 36/100, soit environ le 1/3, de la longueur du grand mât.

Le mesure des voiles se prend de la manière suivante: Les mâts étant mis en place avec une pente en arrière de 20 degrés, on établit les vergues à bonne hauteur (1/10 en dessous de la tête du grand mât, et 6/100 en dessous de la tête du mât de misaine), et perpendiculaires à l'axe des mâts, c'est-à-dire inclinées en arrière. On mesure alors les chutes parallèlement aux mâts, ce qui donne à peu près les dimensions suivantes:

dimensions des voiles, la longueur du canot étant prise pour unité.

BORDURE. CHUTE AR. DIAGONALE. CHUTE AV. ENVERGURE.
Grand'voile 0,63 0,62 0,92 0,81 0,62
Misaine 0,36 0,38 0,51 0,42 0,35

Quoique les vergues soient minces et flexibles, les envergures sont toujours coupèes au droit fil. La bordure est échancrée. Elle part du point d'écoute au droit fil, et va rejoindre le point d'amure par des coupes progressives.

D'après les dimensions qui viennent d'être données, il est facile de voir que les voiles sont courtes en chute avant. Il en résulte que l'amure les tend très-bien et les rend fort propres à orienter au plus près du vent.

Il n'y a pas d'embarcation qui tiennent mieux la mer qu'un bon bateau de Plougastel, et peu la tiennent aussi bien.

BÂTON. — Synonyme de Bout-dehors dans certains cas. Ainsi on dit bâton de grand foc, de clin-foc, etc.

BATTRE LES RIS. — Mettre les œillets aux bandes de ris.

BEAUPRÉ. — Mât incliné qui sort de l'avant du navire et porte les étais du mât de misaine et les focs.

BENJAMINE. — Synonyme, aujourd'hui peu usité, de Grand'voile goëlette sur les navires à trois mâts.

BIQUETTE. — Petit morceau de bois d'environ 15 centimètres de long, que les voiliers emploient quelquefois pour mesurer des largeurs de couture. On fait au couteau sur la biquette de petites coches qui marquent les longueurs qu'on devra mesurer, et en assemblant on les vérifie.

BITORD. — Menu cordage grossièrement commis avec deux ou trois fils de caret de second brin. L'écheveau se nomme manoque de bitord.

BLIN. — Cercle en fer servant de chouquet pour les mâts et sur les vergues servant à porter les bouts-dehors. Sur les basses vergues il y en a deux de chaque bord, un au bout, et un second plus en dedans, qui est à charnières.

BLOC (A). — Synonyme de à toucher. à joindre. On dit, étarquer à bloc, amurer à bloc, border à bloc, etc.

Une voile est enverguée à bloc quand ses empointures touchent les taquets de la vergue.

BOIRE. — On faire boire lorsqu'on fronce à très-petits plis une toile ou une ralingue en les cousant, parce que leur longueur est plus grande que celle de la toile à laquelle on les joint.

Dans le ralingage on fait donc boire, tantôt sur la toile, tantôt sur la ralingue, selon que l'une ou l'autre est la plus longue. Dans la couture d'assemblage on boit sur la laize la plus longue, et pour cela on la pose en dessus, assemblant toujours sur la plus courte, que l'ouvrier maintient constamment roide avec son pied. Un bon voilier doit boire deux centimètres, au moins, par mètre de couture, sans froncis apparent pour d'œil.

Les tailleurs emploient ce mot comme les voiliers.

BOIS DE FORCE. — Pièce de bois qu'on arc-boute entre deux montants pour servir de point fixe aux palans quand on roidit les talingues.

BOIS MORT. — Partie d'un mât ou d'une vergue sur laquelle on n'établit pas de voiles. — Bouts des vergues en dehors des empointures des voiles.

BOISSON. — C'est la quantité de ralingue ou de toile qu'on fait disparaître en buvant dans la couture, autrement dit la différence de longueur entre les deux côtés d'une couture.

BON PAS. — Locution de voilerie, pour exprimer qu'on ouvrier travaille avec vivacité. Un ouvrier va bon pas quand il fait 10 à 12 mètres de couture simple par heure, en faisant de sept à neuf points dans une longueur d'aiguille n° 6.

BONNE MAIN. — Une ralingue est appliquée à la bonne main quand elle est cousue sans interruption de gauches à droite dans toute son étendue.

BONNETTES. — Voiles légères qu'on établit en dehors des voiles majeures dans les routes largues.

Il y a des bonnettes basses, bonnettes de hune et bonnettes de perroquet, leur nom venant de celui des voiles auxquelles on les ajoute.

On appelle aussi bonnette, ou bonnette maillée, la partie inférieure de certaines voiles auriques ou latines, quand cette partie inférieure est détachée ou rattachée à volonté, au moyen de ganses maillées.

BORDER. — C'est roidir l'écoute d'une voile. Border plat, c'est la roidir le plus possible. Une voile borde plat lorsque, son écoute ou ses écoutes étant bien roidies, les sections horizontales de cette voile sont droites ou à peu près.

BORDURE. — Côté inférieur des voiles. Selon les cas elle peut être droite, ronde ou échancrée. Quand la bordure est droite ou quand elle droit être échancrée, sa ralingue est plus forte que les autres. Quand, au contraire, la bordure est ronde, sa ralingue est faible et légère.

BOUQUET. — C'est le nom donné à la réunion des poulies d'amure, découte et de cargue-point des basses voiles. (Voir fig. 84 et 90, pl V.)

BOURCET (Voiles à). — Voiles quadrangulaires, dont la vergue est tiercée par sa drisse. On les appelle encore voiles de lougre, de chasse-marée ou d'embarcation.

BOURRELET. — Volume de toile placé sur les genoux de l'ouvrier pendant le battage des ris.

BRANCHES DE BOULINE. — Espèce d'araignée (voir ce mot) ou de réseau en filin qu'on frappe sur les côtés de chute des voiles carrées, et même de certaines voiles auriques, afin de les orienter plus près du vent. Les pattes de bouline qui servent de dormant à ces branches sont régulièrement espacées sur les ralingues de chute, et l'action de la bouline est ainsi transmise à tout le côté du vent de la voile. Quand les voiles nont très-bien faites et suffisamment échancrées en chute, les boulines y sont inutiles ou même nuisibles.

BOYAU. — Corps d'une manche à vent depuis le bout de l'entonnoir jusqu'à l'extrémité inférieure.

BRAIE. — Sorte de manchon en toile forte qui sert à empêcher l'eau de passer dans un endroit donné. Il y a des braies de pied de mât, de pompe, de gouvernail, etc.

BRIGADE. — Réunion d'ouvriers travaillant sous la surveillance d'un contremaître ou d'un aide. La brigade, composée de 24 ouvriers et de 12 apprentis, se divise en deux sections dirigées chacune par un ouvrier.

BRIGANTINE. — Voile aurique, enverguée sur la corne du mât d'artimon et bordant sur le gui.

BROCHER. — Synonyme d'assembler; coudre au point de couture ordinaire.

BURIN. — Cône en bois de chêne ou en fer, fort souvent employé dans les travaux de voilerie.

BURINER. — Agrandir avec le burin l'ouverture d'une patte pour y mettre la cosse.

C

CABILLOT. — Morceau de fer ou de bois tourné qui sert à fixer une corde, une patte ou un amarrage. Les cabillots employés dans la voilerie sont en bois, de 0m,10 à 0m,15 de longueur, et portent au milieu une petite rainure circulaire qui sert à les estroper et à les fixer; on met des cabillots sur les œillets de cargue-fond, afin que les cargues puissent être frappées très-promptement dans les changements de voiles. On frappe aussi les cargue-boulines sur cabillots.

CACHET. — Fraction de laize en pointe, qui sert à compléter une étendue déterminée.

CACATOIS. — Voile légère et de beau temps, qui est portée au-dessus des perroquets, et forme ordinairement le haut de la voilure carrée. Celui du grand mât s'appelle le grand cacatois, celui de misaine le petit cacatois, celui du mât d'artimon cacatois de perruche.

CADRE. — Sorte de caisse en toile, ouverte par un seul côté, qui sert de lit pour les officiers, et aussi pour les malades. Le fond du cadre est maintenu par un châssis en bois appelé la carrée du cadre, dont l'intérieur est garni d'une toile transfilée, longue de 1m,70 à 1m,80, et large de 0m,65.

La caisse a 0m,45 de hauteur; et sur ses petits côtés, appelés têtes du cadre, elle à 0m,70. Les gaînes des têtes renferment deux bâtons qui les maintiennent droites et sur lesquels on attache les araignées.

CAGNARD. — Espèce de tente en toile peinte, dont les bords sont ralingués afin qu'on puisse les roidir. Le cagnard est employé à la mer pour abriter les hommes de quart contre la pluie et les embruns.

CALANDRE. — Machine qui sert à lisser et lustrer les tissus.

Les toiles à voile sont calandrées, c'est-à-dire lustrées à la calandre, et quelque-fois elles le sont trop, en ce sens que la pression des cylindres a dérangé la disposition des trames. Ces toiles trop calandrées durent peu.

CAPOT. — Couverture en toile peinte qu'on établit au-dessus des dômes, panneaux et claires-voies. On en fait aussi pour la roue du gouvernail, pour les habitacles, pour la pompe à incendie, etc. Depuis quelque temps on ne peint plus les capots, mais on les fait d'une toile spéciale, imperméable, qui a 1,000 fils de chaîne.

CARRÉ. — Ce qui resterait d'une voile si on en séparait tous les triangles de pointe. Pour figurer ce carré il faut, par toutes les empointures de la voile, faire passer des lignes parallèles aux coutures et aux droits fils. Le rectangle intérieur compris entre ces lignes est ce qu'on nomme le carré de la voile.

CARRÉE (Laize). — Laize coupée à droit fil, c'est-à-dire en suivant un fil de trame. Quelquefois on entend par laizes carrées celles qui font partie du carré de la voile (voir plus haut), quoique ces laizes fournissent aussi aux triangles de pointes.

CHAÎNES. — C'est le nom des fils qui sont disposés dans la longueur des pièces de toile.

CHAISE. — Petit siége volant qui sert à hisser les voiliers dans la mâture pour y faire des réparations sur place. Il consiste ordinairement en une petite planchette en bois suspendue aux branches d'une patte d'oie, au centre de laquelle on frappe un cartahu. Mais quelquefois la chaise est seulement en sangle, ou même en corde.

CHAPEAU. — Triangle isocèle en forte toile bordée de sangle, qu'on coud par sa base au milieu de la ralingue d'envergure des vloiles carrées, et qui sert à en ramasser le fond quand elles sont serrées. Aujourd'hui le chapeau est remplacé par le couillard. Quel que soit celui des deux qu'on emploie, il est toujours relevé au moyen d'un cartahu qui supporte le poids des fonds, et qu'on nomme cartahu de chapeau.

CHEMISE. — Partie de la voile qui lui sert d'enveloppe quand elle est serrée. La chemise s'usant rapidement par le frottement des cargues et rabans de ferlage, on est obligé de la changer souvent.

CHUTE. — Ce mot indique toujours une dimension peu éloignée de la verticale. Dans presque toutes les voiles les chutes sont comptées dans le sens des laizes, pourtant il y a des exceptions.

La chute d'un foc, qui est la distance de son point de drisse à son point d'écoute, la chute arrière d'une voile aurique qui est la distance de son pic à son point d'écoute, la chute au mât d'une voile carrée, la chute en dedans d'une bonnette, etc. sont comptées dans le sens des laizes. Au contraire la chute au mât d'une voile aurique est comptée sur le mât et dans le sens des hypoténuses de coupe. La chute d'en dehors d'une bonnette, la chute au côté d'un hunier sont dans le même cas.

CIEL. — Le ciel d'une tente en est la partie centrale, ralinguée pour qu'on puisse la roidir fortement d'un mât à l'autre; c'est aussi le ciel qui fait la chemise des tentes quand elles sont roulées.

CIERGE. — On appelle quelquefois les coutures forcées coutures en cierge à cause de leur forme triangulaire.

CIVADIÈRE. — Voile usitée jadis, et qu'on établissait sur la vergue de civadière en dessous du beaupré. Elle était maintenue verticalement par des poids fixés à ses points, et retenue par des écoutes qui passaient dans des sabords de la batterie basse. La civadière utilisait le vent qui passe en dessous du beaupré. Dans les guerres maritimes de l'Empire, plus d'un navire désemparé lui a dû de pouvoir manœuvrer sur le champ de bataille.

CLAN. — Passage du réa et de la corde dans les poulies et massifs, chaumards, têtes de mâts, bouts de vergues, etc.

CLIN-FOC. — Voile de beau temps qu'on porte à l'extrémité du bout-dehors de clin-foc. Souvent le clin-foc est volant, et il devrait l'être toujours.

CLOCHE. — Partie évasée d'une manche à eau ou à vin. Sa forme est conique. Le bas de la cloche est cousu sur le tuyau.

COIFFE. — Enveloppe en toile peinte qui, pour les garantir de l'humidité, sert à couvrir les capelages, les têtes de mâts des bâtiments désarmés, la volée des canons, etc.

CONGRÉER. — C'est remplir les hélices d'un cordage avec de la ligne ou avec un petit toron. Le congréage a pour but d'arrondir le filin avant de le fourrer.

CONTRE-COUPE. — Changement dans le sens des coupes d'un côté de voile courbe. Les contre-coupes s'appellent aussi des coupes renversées. Ordinairement elles sont séparées des coupes directes par une coupe à droit fil. On est forcé d'employer la contre-coupe, quand un côté de voile où la somme totale des coupes est petite doit recevoir un rond prononcé.

Il est souvent bon d'employer la contre-coupe, mais il n'y faut pas d'excès.

CONTRE-HALÉE. — Laize où les fils de trame ont cessé d'être perpendiculaires aux fils de chaîne.

CONTRE-POINTE. — Laize en pointe renversée, qui donne à une voile plus d'envergure que de bordure.

CONTRE-VOILE D'ÉTAI. — Voile légère qu'on porte sur une draille qui part de la tête du grand mât de perroquet.

CORNE. — Vergue appuyée au mât qui la porte par une mâchoire sur laquelle elle tourne, ou par un piton sur une douille. Les brigantines, voiles goëlettes, artimons, et quelquefois certaines voiles d'étai, sont enverguées sur cornes. Le caractère distinctif des cornes est d'orienter au vent en pivotant autour d'une de leurs extrémités, qui prend appui sur le mât.

COSSE. — Anneau cannelé en fer plat. La cannelure est extérieure, et sert à recevoir un cordage qui fait l'estrope de la cosse. Les cosses sont très-employées en voilerie. Les empointures d'envergure, de ris, les faux palanquins, les points d'écoute, sont garnis de cosses. Aujourd'hui les cosses en fer sont toutes galvanisées.

CÔTÉ. — C'est le nom marin des bords des voiles. Chaque côté a son nom particulier: envergure, bordure, chutes, etc. (voir ces mots). Pourtant le mot côté employé seul s'entend souvent des côtés de chute des voiles carrées. Un côté droit est celui dont la forme est droite. Un côté échancré, celui dont la forme est courbe, mais creusée à l'intérieur de la voile. Un côté rond, ou encore un côté courbe, est celui où la courbure est convexe et extérieure.

COTONNÉE. — Toile usée par le frottement des cargues. Le lin cotonne beaucoup, et plus que le chanvre.

COUDE. — Changement brusque dans une courbe. Synonyme d'angle.

COUILLARD. — Triangle en tresse plate, qu'on coud sur l'avant des voiles carrées pour en soutenir le fond quand elles sont serrées.

Le couillard, qu'on appelle aussi branches de couillard, diffère du chapeau en ce que celui-ci est cousu à la ralingue d'envergure et sert à serrer les voiles sans ris, tandis que les couillards s'emploient pour les serrer avec des ris.

COUP D'OEIL. — Le coup d'œil du voilier consiste à saisir vivement les défauts d'une voile, et surtout à savoir y apporter les corrections nécessaires.

COUPE. — Ce mot a plusieurs acceptions en voilerie.

Dans un sens, la coupe est la science de tailler les voiles, c'est-à-dire de déterminer leurs dimensions er leurs laizes d'après la grandeur des mâts et vergues qui doivent les porter.

La coupe signifie aussi l'action de tailler les voiles; quand on entend la coupe dans ce sens-là, il y en a trois sortes: la coupe à l'échelle, la coupe à la main, la coupe au piquet.

La coupe à l'échelle, où chaque laize est déterminée séparément sur plan, ou par le calcul, est très-supérieure à la coupe à la main, parce que les dimensions de chaque laize y sont obtenues indépendamment de toutes les autres, de sorte qu'une erreur, si l'on en commet, ne se répète pas, et est sans influence aucune sur la coupe des autres laizes.

Dans la coupe à la main, la première laize coupée sert de patron pour la suivante, celle-ci pour la troisième, et ainsi de suite. Les erreurs s'accumulent donc, et il n'est pas rare d'en voir faire de considérables.

La coupe au piquet, qui consiste à recouvrir de toile un plan de la surface à voiler, tracé en vraie grandeur, ne peut guère s'employer que pour les voiles de petites dimensions, celles des canots, par exemple: elle exige un local assez vaste, mais elle donne de bons résultats.

La coupe se fait toujours au couteau. La direction que suit le couteau en séparant la laize de la pièce, porte encore le nom de coupe. Si donc le couteau est dirigé suivant un fil de trame, la coupe est dite au droit fil. Dans tous les autres cas, elle est dite coupe oblique, parce que sa direction est oblique aux fils de chaîne et de trame.

La coupe, s'entend encore de l'effet d'une voile établie. On dit cette voile a une bonne coupe, une coupe bien entendue, pour exprimer qu'elle établit bien.

On nomme triangle de coupe le triangle rectangle formé par l'extrémité d'une laize sur son dernier fil de trame intact pris pour base.

La hauteur de ce triangle s'appelle indifféremment coupe ou hauteur de coupe. C'est dans ce sens qu'on dit: la coupe au mât, la coupe à l'envergure, à la bordure, etc.

Enfin, on appelle salle de coupe, le local où s'effectue la coupe des voiles.

COUPE-LAIZE. — Outil d'atelier, qui sert à partager les laizes en bandes longitudinales d'une largeur quelconque, très-vite, et sans perdre un instant la direction du fil de chaîne qui marque la largeur des bandes.

Deux flasques très-fortes, en bois dur, fixées verticalement sur un fort massif qui leur sert de base, ou sur le plancher même de la voilerie, forment la partie principale du coupe-laize. Ces flasques (A et B, fig. 171, pl. XI, dessins nos 1, 2 et 3), sont écartées d'une largeur de laize, et parallèles entre elles. Elles sont réunies aux points T, T' et Q, par des traverses horizontales qui les maintiennent, et dont les deux premières servent aussi à supporter la toile en coupe. Aux deux coudes supérieurs des flasques, des rouleaux R et R´disposés comme ceux d'un laminoir, servent à conduire la toile. L'axe des rouleaux supérieurs est mobile dans des rainures verticales, qui permettent de les soulever pour introduire entre deux la toile à couper, sur laquelle retombent ensuite ces rouleaux, dont le poids la maintient. Enfin deux buttoirs M et M', le premier mobile sur charnière, le second fixe, servent à la fois à maintenir la couteau du voilier et à présenter la toile à son tranchant. Ces buttoirs portent des rainures correspondantes, mais en sens inverse, de sorte que l'une reportent des rainures correspondantes, mais en sens inverse, de sorte que l'une reçoit le dos du couteau, l'autre sa lame, et qu'une fois cette lame ainsi engagée, il suffit d'une pesée sur le manche pour la rendre parfaitement fixe.

Pour se servir du coupe-laize, on ouvre d'abord le buttoir mobile M. Ensuite on place la pièce de toile à couper en arrière de l'instrument. On soulève le rouleau supérieur d'en arrière et on fait passer le bout de la toile entre ce rouleau et celui d'en dessous. On tire la toile à soi, par-dessus les traverses T et T', et par-dessus le buttoir fixe M', enfin on la passe entre les rouleaux de devant R et R', et on ferme le buttoir mobile M, qu'on serre avec sa clavette. Cela fait l'opération peut commencer. On entame la toile au point où on vent la diviser. On place ensuite le couteau entre les rainures correspondantes à l'entame, le tranchant faisant face en arrière, et le manche fortement maintenu par un ouvrier placé sous le coupe-laize. Un autre ouvrier prend le bout de la pièce à diviser, et l'entraine en courant dans le sens de l'axe de l'instrument; la toile se trouve ainsi divisée avec une régularité parfaite et en un instant.

Pour qu'aucune déviation ne soit possible, il faut que l'ouvrier qui entraine la toile courre dans le sens de l'axe. Afin de le lui indiquer, deux lignes parallèles qui prolongent les côtés des flasques sont tracées sur le plancher de la voilerie, et l'ouvrier se tient entre elles deux.

Pour que l'instrument serve aussi bien pour des toiles étroites, ou pour des fractions de laizes à subdiviser, que pour des toiles entières, une planchette P, parallèle aux flasques peut être encastrée entre elles à volonté, de manière à servir de fausse flasque, et à maintenir la bande à diviser entre elle et l'une des flasques, de la même manière que la laize entière est maintenue entre les flasques A et B.

Le coupe-laize est un instrument très-pratique et qui rend d'excellents services dans les voileries.

COURBE. — Forme de certains côtés des voiles. Quand la courbe est convexe à l'extérieur de la voile, elle s'appelle rond. Quand sa convexité est tournée vers l'intérieur de la voile, elle se nomme échancrure. Le rond augmente donc la surface de toile; l'échancrure, au contraire, la diminue.

CROC. — Espèce de crochet en fer bien trempé, qui sert à soutenir la toile sur les genoux. Sa longueur est d'environ 0m,135. Il est attaché au banc des voiliers par un bout de ligne de 20 à 25 centimètres, toujours à droite de l'ouvrier qui y croche sa toile, et la tire à lui de la main gauche pour la maintenir en faisant ses coutures,

CROCHETÉE. — La crochetée et la longueur de couture qu'on peut faire sans reprendre le croc. Dans le travail ordinaire la crochetée se reprend toujours de gauche à droite. Dans le ralingage à reculons elle se reprend, au contraire, de droite à gauche.

CROISSANT. — Prix quelquefois pour synonyme d'échancrure.

CROIX DE SAINT-ANDRÉ. — Renfort composé de deux bandes en croix posées sur les diagonales d'une vieille voile. On la fait toujours en toile demi-usée.

D

DÉFENSE. — Petit sac en toile rempli d'étoupe, qu'on suspend en dehors des canots, pour les garantir du frottement contre le bord des navires le long desquels ils sont accostés. On en fait aussi des tronçons de câble, voire même en bois.

DÉFONCÉ. — C'est le mot consacré pour dire que le vent a crevé le fond d'une voile.

DÉGAINER. — Découdre les gaines d'une voile.

DÉLIVRER. — Enlever d'une voile toutes les parties mauvaises qui doivent être remplacées. On dit aussi délivrer une couture, pour la découdre.

DÉMERLINER. — Enlever le merlinage d'une corde pour une réparation quelconque.

DÉMOLIR. — Expression consacrée dans la comptabilité des matières pour exprimer qu'on défait entièrement une voile et qu'on emploie sa toile à d'autres usages.

DÉMONTER. — Démonter une voile, c'est la défaire en partie pour la mettre en état de subir les réparations dont elle a besoin; c'est enlever les ralingues, découdre les gaînes, etc.

DÉPOUILLER. — On emploie quelquefois ce mot comme synonyme de délivrer, mais à proprement parler dépouiller c'est nettoyer la couture décousue, et en retirer les bouts de fils coupés. Quand, en délivrant, on a le soin de couper les fils de couture sur la toile qui reste dans la voile, presque tous les bouts s'en vont avec le morceau de toile qu'on enlève.

DÉRALINGUER. — Retirer ou découdre la ralingue d'une voile. Il arrive quelquefois qu'une voile soit déralinguée par le vent, c'est-à-dire que la toile soit arrachée de ses ralingues. De là vient qu'on dit un objet déralingué, pour exprimer qu'il est détruit, disloqué, brisé.

DÉRIVEUR. — Nom d'une voile de cape autrefois en usage; espèce d'artimon raccourci.

DÉROULER. — Défaire une voile serrée et amarrée en paquet.

DEVANTEAU. — Mot vieilli qui signifie le tablier d'une voile.

DÉVIDER. — Défaire les écheveaux de fil.

DÉVIDOIR. — Instrument qui sert à dévider le fil.

DEVIS. — Détail écrit et complet des dimensions d'un navire, de ce qu'il porte, de ce qu'il coûtera, de ses qualités, etc. On dit aussi le devis d'un travail, pour exprimer un projet écrit et complet indiquant les conditions, la nature, le prix de ce travail.

Dans le devis d'un navire le voiler trouve, s'il en a besoin, les dimensions principales de la coque et de la mâture.

DIABLOTIN. — Voile d'étai de perroquet de fougue, placée au-dessus du foc d'artimon; elle est remplacée aujourd'hui par la voile d'étai de perroquet de fougue.

DIAGONALE. — Ligne qui, dans un polygone, joint deux sommets opposés; dans une voile quadrangulaire la diagonale qui joint le point de gorge au point d'écoute s'appelle diagonale d'écoute, par opposition à l'autre diagonale, qui joint le pic de la voile au point d'amure, et qu'on nomme diagonale d'amure.

DOUBLAGE. — Bande de toile appliquée sur le bord des voiles pour les garantir contre le frottement, et pour en augmenter, par suite, la force et la durée.

DOUBLE FOND. — Toile simple qui recouvre le matelas du hamac.

DRAGON. — Voile d'étai légère en forme de triangle et dont l'amure est mobile, ce qui permet de faire courir le dragon à volonté sur son étai. Les goëlettes, les cutters, et en général les petits navires, sont les seuls auxquels on voit ordinairement porter le dragon.

DRAILLE. — Étai spécial destiné à porter l'envergure d'une voile. Les voiles qui établissent ainsi sont attachées par leur envergure à des bagues mobiles, auxquelles la draille sert de tringle.

DRISSE. — Manœuvre courante, qui sert à hisser les voiles et en porte le nom. Ainsi dit-on: drisse du grand foc, drisse du petit perroquet, drisse du grand hunier, etc. Lorsqu'on parle de toutes les drisses de hunier ensemble, et sans spécifier le hunier que l'une d'elles porte, on les appelle quelquefois des drisses de hune.

DROIT FIL. — Direction du fil de trame. C'est aussi la largeur d'une toile. Ainsi ce qu'on nomme le droit fil, c'est la largeur de la laize, autrement dit la longueur du fil de trame qui sert de base au triangle de coupe.

DRÔME. — C'est l'espace occupé à bord par les embarcations qu'on met sur le pont en prenant la mer, et par les mâts et vergues de rechange. Par extension c'est aussi le nom donné à l'ensemble de toutes ces choses. Ainsi on dit: mettre les embarcations en drôme, pour les embarquer; remettre une vergue en drôme, etc. On dit aussi: la drôme à tribord se compose de tels et tels mâts et vergues. Enfin on dit: faire à terre une drôme avec la mâture de rechange.

La mâture en drome est couverte à la mer avec un prélart qu'on appelle prélart de drôme.

DYNAMOMÈTRE. — Instrument qui sert à constater la force des toiles dans les épreuves de recette.

E

ÉCART. — Quand on réunit bout à bout des morceaux de toile, trop courts pour fournir une laize de longueur voulue, les points de jonction s'appellent des écarts.

L'écart simple est celui qu'on fait sur une seule laize. Sa couture est double, d'une largeur de deux à trois centimètres, rabattue et piquée sur chacun des bouts, qu'un petit rempli maintient dans l'intérieur de l'écart. Les deux remplis et les deux coutures suivent exactement la direction du droit fil. De cette manière les fils de chaîne des deux toiles se correspondent exactement, travaillent ensemble, et la laize, quoique en deux morceaux, remplace assez bien une toile d'une seule pièce. Elle n'est pourtant jamais aussi bonne, et c'est pour cela que dans la coupe des voiles neuves on a grand soin d'éviter les écartes, ce qui est facile, quand on emploie le tableau de coupe et que, commençant par tirer de la pièce les laizes les plus longues, on garde les restes pour les pointes, renforts, etc.

L'écart en plein est un réunion d'écarts simples, qui se font suite l'un à l'autre. Ainsi, quand on allonge, ou quand on raccourcit la chute d'une voile carrée sous une bande de ris, on y fait un écart en plein, parce que toutes les laizes de la voile sont coupées sur un même droit fil et, de même, recousues en ligne droite et sans endenture. L'écart en plein n'est solide que si on le recouvre avec une bande de renfort.

L'écart en échelettes est une réunion d'écarts simple endentés, ou étagés d'une laize à l'autre. Il vaut mieux que l'écart en plein, et lui est toujours préféré quand c'est possible.

ÉCARVER. — Faire des écarts.

ÉCHANCRURE. — (V. Courbure.)

ÉCHELLE. — Construction graphique servant à mesurer des unités de longueur d'une dimension particulière. On donne aux échelles le nom de leur unité principale; ainsi l'échelle métrique est celle dont le mètre est l'unité; l'échelle de trois centimètres par mètre, ou, plus brièvement, l'échelle de 3cm, est celle où chaque longueur de trois centimètres est l'unité principale et correspond au mètre de l'échelle métrique. Ainsi des autres.

ÉCHELLE DE COUPE. — Dans la salle de coupe de chaque voilerie, et dans les autres salles dont la longueur le permet, il est établi des échelles métriques, destinées au mesurage des laizes au moment de la coupe, Chaque échelle est composée de deux lignes parallèles, gravées au ciseau de calfat dans la plus grande longueur de l'atelier. Ces deux lignes principales, écartées de 0m,60, sont divisées de mètre en mètre par des perpendiculaires transversales. Les numéros des mètres sont gravés en caractères bien visibles sur bois dur (fig. 66, pl. III), et incrustés dans le plancher. A chacune de ses extrémités chaque ligne reçoit latéralement sur la longueur de son premier mètre une règle incrustée et divisée en centimètres. Autant que possible, on donne à ces échelles la longueur des plus grandes laizes qu'on ait à couper (environ 25 mètres). Dans ce but on les place dans l'axe des portes de l'atelier, quand il est petit. Ce tracé est ce qu'on nomme échelle de coupe, et quelquefois aussi échelle métrique. Il sert à mesurer les laizes en vraie grandeur, et aussi à leur donner les coupes nécessaires à chaque bout.

ÉCHELETTE. — Réunion d'écarts endentés ou étagés sur plusieurs laizes consécutives. (V. fig. 137, 140, 142, 144, pl. IX.)

ÉCOUTE. — Manœuvre employée à fixer le point de dessous le vent d'une voile quelconque.

Par exception, et dans les voiles hautes carrées seulement, les manœuvres qui fixent les points inférieurs s'appellent toutes les deux écoutes. Dans toutes les autres voiles on nomme amure (voir ce mot) la manœuvre qui fixe le point du vent.

ÉLONGIS. — Pièces de bois ayant à peu près la même longueur que les hunes, et servant à les supporter dans le sens longitudinal. Les élongis sont eux-mêmes portés pas les jottereaux.

EMBU. — Synonyme de boisson.

EMPILÉE. — Les voiles placées les unes sur les autres, dans les magasins, sont dites empilées.

EMPOINTURE. — Angles supérieurs des voiles enverguées, par opposition aux angles inférieurs, qu'on nomme points (voir ce mot).

Quand les ris sont placés sur le haut des voiles, on nomme empointures de ris leurs extrémités, parce qu'avec les ris pris elles remplacent les empointures ordinaires, autrement nommées empointures d'envergure.

EMPORTE-PIÈCE. — Instrument en fer servant à pratiquer des trous dans la basane destinée à recouvrir les ralingues; on s'en sert aussi quand on emploie les œillets métalliques.

ENCOIGNURE. — Synonyme peu usité d'empointure d'envergure.

ENDENTER. — Pratiquer un genre particulier d'échelette dans un voile pour en augmenter la chute.

EN DESSUS et EN DESSOUS. — Synonyme d'avant et d'arrière, en parlant des voiles; ainsi la face en dessus d'une voile, ou la face avant, sont des termes équivalents. C'est sur la face en dessus qu'on appilque les bandes de ris et les doublages. De mème la face en dessous est la face arrière d'une voile. C'est sur elle qu'on place le tablier, qu'on fait les gaînes, qu'on pose les ralingues et tous les œillets, de ris et autres.

ENTONNOIR. — Ouverture conique par où l'air descend dans le corps des manches à vent, après avoir frappé dans la guérite.

ENVERGUER. — Attacher la voile à la vergue ou à la draille qui doit la porter.

ENVERGURE. — Partie supérieure d'une voile, qu'elle soit enverguée sur vergue, sur draille, ou autrement. Dans toutes les voiles carrées l'envergure est droite. Dans les voiles auriques et latines l'envergure est courbe.

ÉPISSOIR. — Outil en forme de fuseau, en fer ou en bois dur, qui sert pour la confection des épissures. Ceux des voiliers sont en bois, et de ceux-là il y a deux grandeurs: la première a de 0m,40 à 0m,50 de long, sur 0m,05 à 0m,06 de diamètre; la seconde a de 0m,30 à 0m,35 de long, sur 0m,04 à 0m,05 de diamètre. Toutes deux sont terminées en pointe arrondie.

ÉPISSURE. — Jonction, ou enture, de deux bouts de filin entrelacés par leurs torons, croisés les uns sur les autres à demi-nœuds. On l'emploie beaucoup en voilerie. L'épissure du voilier est dite ronde, tandis que l'épissure ordinaire du matelotage est dite carré.

ESPARS. — Pièces de bois de sapin propres à la mâture. On se sert quelquefois du mot espars pour désigner en général des mâts et des vergues.

ESTROPE. — Bague ou lien en cordage qui embrasse les poulies ou moques, et sert à les attacher à leurs points fixes. L'estrope est faite avec un toron cordé sur lui-même en trois, ou avec un bout de corde épissé par ses deux bouts. Elle est ordinairement congréée, limandée, fourrée et recouverte en basane, au moins quand elle est attachée à un point de voilerie. Autrefois les ralingues servaient d'estropes aux moques d'écoute. On y a renoncé avec raison. Dans le point actuel les estropes de moques et de poulies de cargue-points portant l'une sur l'autre, il est bon à la mer de suivre ces estropes et d'en réparer la garniture en temps utile.

ESTROPER. — C'est placer l'estrope sur une poulie ou sur une moque. Il faut toujours estroper très-juste et très-serré.

ÉTABLIR. — Déployer une voile et la disposer de telle sorte qu'elle reçoive convenablement l'effort du vent. On dit aussi qu'une voile établit bien, qu'elle établit mal, pour exprimer qu'elle est bien ou qu'elle est mal faite

ÉTAI. — Gros cordage qui sert à tenir les mâts dans le sens de l'avant.

ÉTARQUER. — Synonyme de roidir en drisse. On dit qu'une voile est bien étarquée lorsque sa drisse en a tendu les laizes autant que possible.

ÉTUI. — Nom des enveloppes en toile qu'on met aux mâts, vergues, voiles, tentes, canots, etc. Ceux des voiles en soute doivent en faire deux fois le tour quand elles sont serrées en bonnette, c'est-à-dire roulées sur la ralingue d'envergure.

Les étuis des voiles en vergues sont façonnés sur la forme de la voile serrée. On les tend par-dessus la voile an moyen d'un transfilage qui passe dans les œillets de leurs gaines.

ÉTRANGLOIR. — Cargue principale des voiles établis sur corne. Elle ramène la toile de la chute arrière sous la mâchoire, où elle la fixe en étranglant la voile, et de là vient son nom.

Ce nom d'étrangloir se donne encore à des cordes qui embrassent ou serrent quelque objet déterminé, notamment au filin qui fixe les cosses dans les points des voiles.

F

FARD ou FARE. — C'est l'ensemble de toutes les voiles d'un mât. On dit: fard du grand mât, fard de misaine, fard d'artimon; mais on ne dir pas: fard de beaupré. On dit encore, le fard de l'avant, pour désigner le fard de misaine, et les fards de l'arrière, pour les deux autres.

FARGUE. — Bordages légers, souvent mobiles, qu'on monte par-dessus le plat bord des petits navires et des embarcations pour les garantir contre la lame. Quelquefois la fargue est en toile. Quand, au-dessus des fargues clouées, une embarcation en porte de mobiles, on nomme celles-là fausses fargues. Enfin on emploie quelquefois le mot fargue comme synonyme d'œuvres mortes, partie de la coque qui est au-dessus de l'eau.

FASIER, FASSEYER. — Une voile fasie, ou fasseye, quand un vent trop oblique la fait battre au lieu de porter. On dit encore, dans ce cas-là, que la voile barbeye, ou qu'elle ralingue, ou qu'elle est en ralingue.

FAUFILER. — Synonyme de bâtir, fixer provisoirement des toiles par une couture à points très-longs. Le tablier, les doublages et autres renforts son faufilés avant de recevoir leurs coutures définitives.

FAUX FOC. — Voile triangulaire, dont le point d'amure ets quelquefois fixé sur un rocambeau qui court à volonté sur le bout-dehors. Le faux foc remplace le grand foc quand il vente bon frais.

FAUX POINT. — Renfort que l'on appliquait anciennement aux ralingues de poit d'écoute de basses voiles, sous l'amarrage. Depuis qu'on a perfectionné les points et ralingues les faux points ont cessé d'être nécessaires.

FERLER. — Synonyme de plier. C'est aussi serrer une voile avec ses rabans de mer ou de ferlage, longs rabans plats qui font plusieurs tours en embrassant la voile et la vergue. En rade on les remplace par des jarretières en tresse plate, qui n'embrassent que la voile seule. Du mot ferler on a fait aussi déferler, qui en est l'inverse, déployer; et on dit, déferler une voile, déferler un signal.

FIL A VOILE. — Le fil à voile est en chanvre épuré d'une manière spéciale et très-fin. Il est commis en deux, en il ne doit présenter aucune sinuosité, afin d'être glissant et peu exposé aux ruptures. Pour le conserver dans les coutures des voiles, où il est souvent exposé à l'humidité, on l'enduit de goudron; mais il ne faut pas le faire longtemps d'avance, sans quoi le fil s'échauffe et casse quand on l'emploie. Cet inconvénient n'est pas à craindre dans la couture, où le fil ne peut plus s'échauffer sans que la voile entière s'échauffe en même temps. Grâce au goudronnage la couture acquiert une telle force que fréquemment il arrive dans la réparation d'une voile de couper tous les points d'une couture et de ne pouvoir séparer les deux toiles sans les déchirer. Autrefois certains ateliers ne goudronnaient pas le fil à voile avant de l'employer à la couture, et le frottaient d'une cire grasse qui n'avait aucune action préservatrice; aussi les coutures manquaient-elles souvent à mer. Aujourd'hui l'emploi du goudron est géneral; mais pour que le fil soit d'un bon usage, il faut mêler ce goudron d'un peu de suif. Nous conseillons un mélange de sept parties de goudron et d'une partie de suif comme donnant de bons résultats. Au commerce on échauffe le suif et le goudron, et quand le mélange est fondu, on y trempe le fil, qui retient moins que si la préparation était appliquée à froid.

FILET. — Fil de couleur placé dans la chaîne des toiles à voiles, à 3 centimètres des lis, et qui sert de guide pour la couture ordinaire. Suivre le filet, c'est faire sa couture d'assemblage sur ce fil de couleur.

FILIÈRE. — On donne ce nom à des cordes tendues horizontalement pour des usages quelconques.

On nommes filières d'envergure des cordes tendues sur la partie supérieure des vergues, et qui servent à fixer l'envergure des voiles carrées; filières de ris, des cordes semblables aux filières d'envergure et placées sur les vergues, un peu en arrière de ces filières, pour porter les rabans du ris. On nomme aussi filières de ris, les cordes qui sont tendues sur les ris des voiles carrées passant d'un œillet à l'autre, et qui servent à prendre les ris à la Belleguic. (V. fig. 75, pl. IV.)

FLÈCHE. — On nomme flèche le plus grand écartement d'une courbe et de sa corde.

On nomme aussi flèche, par abréviation de flèche-en-cal, la voile aurique légère qu'on porte en dessus des brigantines et goëlettes (voir ce mot).

Enfin on nomme flèche la seconde partie d'un mât qui a deux ou trois capelages. Les mâts à trois capelages sont rares, mais il y en a, et dans ce cas la troisième partie du mât s'appelle contre-flèche. On donne quelquefois aussi ce nom de contre-flèche au bois mort des mâts de cacatois. Les flèches de mâts portent généralement le nom de la voile qu'on y établit; ainsi on dit, flèche de grand cacatois, de grand perroquet, quand c'est le mât de hune qui est à flèche; bâton de flèche, quand le bout-dehors de clin-foc ne fait qu'un avec le bout-dehors de grand foc. Enfin on appelle mât de flèche les mâts qui ne portent que des flèches-en-cul.

FLÈCHE-EN-CUL, FLÈCHE-EN-QUEUE. — Voile légère établie au-dessus de la brigantine ou d'une voile goëlette; elle est quelquefois triangulaire, mais le plus souvent enverguée sur corne, ou à bourcet, et alors enverguée sur une vergue tiercée au mât et parallèle à la corne de la voile inférieure.

FOC. — Nom générique des voiles triangulaires non enverguées. plus spécialement applicable à celles qui amurent sur le beaupré. Pour les distinguer entre eux les focs ont des noms particuliers. Ce sont: 1° le clin-foc, le plus en dehors de tous, et dont la draille part du capelage de petit perroquet; 2° le grand foc, dont la draille part des barres de petit perroquet; 3° le petit foc, dont la draille part aussi des barres, mais dont l'amure est sur le bas mât de beaupré; 4° la trinquette, dont la draille part du capelage de misaine, et dont l'amure est sur l'étrave; 5° le faux foc, qui remplace ordinairement le grand foc lorsqu'on porte deux ris dans les huniers.

On appelle aussi foc d'artimon une voile d'étai qu'on porte entre le bas mât d'artimon et le grand mât.

FOND. — Partie inférieure des voiles. On nomme ralingue de fond la ralingue de bordure des voiles carrées. Les cargues qui sont fixées sur cette ralingue s'appellent cargue-fonds, et, par abréviation, fonds. Ainsi on dit, pesez les fonds de grand'voile. On dit qu'une voile a du fond quand elle fait le sac à sa partie inférieure, quand elle ne peut pas s'aplatir sous l'action de ses écoutes, drisses et amures.

FORCÉE (Voile). — Voir Forcer. — (Couture). C'est une couture plus large que les autres, où les toiles se doublent plus que dans le reste de la voile.

FORCER. — Forcer une foile, c'est l'augmenter, lui ajouter la largeur des gaînes, par exemple.

FORTUNE (Voile de). — C'est le nom de la misaine carrée des côtres, des goëlettes, des avisos à vapeur, etc. quand elle n'est pas enverguée à demeure. Si on l'envergue, elle prend le nom de misaine carrée.

On nomme encore voiles de fortune, celles qu'on installe en mer après des avaries graves de la mâture, pour remplacer la voilure normale d'un navire dont les mâts ont été emportés.

Sur les goëlettes et les avisos à vapeur la voile de fortune, qui s'appelle simplement la fortune, est une véritable misaine, c'est-à-dire qu'elle est enverguée à demeure sur la vergue de misaine, au lieu d'être enverguée sur des cartahus qui permettent de la hisser et de la rentrer à volonté, comme il se pratique pour une bonnette.

FOUET. — Corde qu'on destine à être enroulée sur une autre, pour la fixer passagèrement. C'est aussi le nom d'un bout de ralingue qu'on laisse dépasser la voile au point de gorge des voiles auriques, et qui sert à fixer ce point sur la mâchoire.

FOUGUE (Perroquet de). — Nom du hunier d'artimon

FOURRER. — Enrouler autour d'un cordage des tours réguliers de bitord pour le préserver du frottement.

FOURRURE. — Nom du bitord qu'on a roulé autour d'un cordage. C'est aussi le nom des toiles usées qu'on retire des démolitions et qu'on emploie à bord à mille usages divers.

FRONTEAU. — Rideau en toile légère. On nomme fronteaux de tentes des rideaux verticaux qu'on pend sur leurs filières, quand le soleil est bas à l'horizon, On nomme aussi fronteau, mais plus ordinairement fronteau de dunette, une balustrade en planches sculptées qui couvre la face avant du premier barrot de la dunette et orne le gaillard d'arrière.

FROTTOIR. — Morceau de bois dur qui sert à aplatir les coutures. Long environ de 10 centimètres, il a un bout taillé en coin et sa poignée est tournée. Les voilers anglais, qui ne cousent qu'à point debout, font un usage continuel du frottoir.

FUNE. — Ralingue fixée au milieu des tentes, et terminée à chaque bout par un fouet qui sert à les roidir d'un mât à l'autre.

G

GAÎNE. — Ourlets ou remplis qu'on fait sur les bords des voiles, et dont la largeur varie suivant leurs espèces et leurs dimensions. La gaîne porte les œillets d'envergure ou autres, et reçoit les ralingues; elle sert aussi de renfort aux bords des voiles. On la marque sur l'arrière des voiles et on la fait en avant.

GAÎNER. — Faire les gaînes.

GALON. — Bande étroite en toile dont on recouvre une couture fatiguée pour l'empêcher de manquer.

GALONNER. — Coudre des galons sur les coutures. Dans ce travail le point piqué sur le bord replié de la toile est préférable au point broché, qui, dans la toile vieille, laisse un vide apparent derrière l'aiguille.

GARCETTE. — Tresse en bitord, en cinq, sept ou neuf fils, qui sert à prendre les ris à l'ancienne. Les Anglais ont conservé l'usage des garcettes.

Chez nous le ris Belleguic a supprimé les garcettes qui sont remplacées par un système de filières et autres accessoires dont le poids n'est guère que le tiers de celui des garcettes.

GARNITURE. — Synonyme d'accessoires. La garniture d'une voile se compose de tout ce qui est nécessaire à sa mise en vergue et à son établissement; le pouliage, les rabans d'envergure, de ris, les branches de bouline, etc. La garniture des voiles se fait ajourd'hui à l'atelier de la voilerie.

GENOPE. — Amarrage provisoire qu'on fait sur deux filins pour les fixer l'un contre l'autre si étroitement qu'ils ne puissent ni glisser l'un sur l'autre, ni se séparer.

GENOPER. — Faire une genope.

GORGE (Point de). — Nom du point supérieur et avant des voiles auriques, c'est le point qui est fixé sous la mâchoire des cornes.

GOUDRON. — Matière végétale extraite des arbres résineux, et qu'on emploie pour préserver le chanvre de l'humidité. Quand on en met des couches trop fortes le chanvre s'échauffe et se brûle.

GRAND'VOILE. — A bord des bâtiments à traits carrés c'est la voile enverguée sur la grande vergue. A bord des goëlettes, côtres, etc. c'est la voile aurique du grand mat.

GRAS. — Donner du gras, terme de métier, qui signifie augmenter un peu le carré d'une voile où le nombre des laizes devrait être composé d'un entier et d'une fraction. Le gras se donne en comptant cette portion comme laize entière.

GUÉRITE. — Partie supérieure des manches à vent (voir ce mot).

GUI. — Espars sur lequel on borde certaines voiles auriques, notamment la brigantine.

GUINDANT. — Hauteur d'une voile, distance de l'envergure à la bordure. Une voile est bien en guindant quand elle a une chute convenable.

H

HALE AU VENT. — Voile sous-marine, employée dans quelques pays du Nord pour descendre les rivières quand le vent et le courant portent en sens contraires.

Fixé sur deux vergues parallèles entre elles et placées horizontalement, le hâle au vent est plongé sous l'eau, à l'avant du bâtiment. Sa vergue supérieure est maintenue au moyen d'une patte d'oie capelée à l'étrave, et sa vergue inférieure est calée dans l'eau par des poids. Alors la voile ainsi étendue reçoit le courant, augmente son impulsion sur le navire, et combat la résistance du vent sur les œuvres mortes.

Quand par la force du vent le recul du bateau tend à chasser en avant la vergue inférieure, on lui met des bras qu'on abraque derrière pour la maintenir dans une position verticale. (Voir fig. 174. pl. XI.)

HALE-BAS. — Manœuvre employée, comme son nom l'indique, à hâler en bas des voiles qui n'y viendraient pas naturellement. Toutes les voiles hissées sur draille ont un hale-bas frappé au point de drisse, et qui fait retour au point d'amure. Quand la drisse est largue, on pèse le hâle-bas, et la voile descend le long de sa draille.

HALÉE (Laize). — (Voir Tiraillement.)

HAMAC. — Lit suspendu des matelots. C'est un sac en toile, à double fond, dans lequel on coule un matelas, et qu'on suspend, au moyen d'araignées, aux baux du navire. Le hamac est composé de deux laizes de 0m,57, coupées à la longueur de 2m,03 environ et réduites par les gaînes à 1m,85 de long, sur 1m,06 de large. On fait 18 œillets à chaque bout pour monter les branches d'araignées. Le matelas d'un hamac a de 0m,10 à 0m,15 d'épaisseur. Le hamac garni pèse environ 7k,500, et coûte à peu près 30 francs, dont 9 fr. 60 cent. pour le hamac et son gréement, 12 fr. 25 cent. pour le matelas, et 8 francs pour la couverture.

HANET. — Bout de ligne qui remplace les garcettes dans les ris des voiles auriques et latines. On coud aussi des hanets sur le côté des hamacs pour les serrer dans la longueur.

HOUARI. — Voilure à demi-antenne, où les vergues portent deux blins qui courent sur les mâts, de sorte que les vergues étant hissées leur font suite.

HUNIER. — Voile carrée portée sur les mâts de hune, et bordant au bout des basses vergues. On les nomme du nom de leurs mâts, grand hunier, petit hunier, hunier d'artimon; ce dernier porte plus souvent le nom de perroquet de fougue.

I

INGRATE (Toile). — Toile dont le chanvre est mal épuré ou bien imprégné d'eau de mer, ce qui la rend difficile à coudre.

ITAGUE. — Cordage dont une extrémité porte palan. L'itague simple est celle qui passe dans une poulie fixe seulement, de sorte qu'en réalité elle est double. L'itague double est celle qui passe dans deux poulies, dont une mobile, et par conséquent elle est triple. Quand le filin qui porte palan sur un de ses bouts est luimême passé plus qu'en triple, on ne le nomme plus itague, et l'on dit qu'on a fait palan sur garant.

Les huniers se hissent toujours sur itagues. On les a simples ou doubles, suivant la grandeur des voiles. A la mer on fait itague ou drisse anglaise avec les drisses de perroquet.

Dans une embarcation bien gréée les drisses sont à itagues simples, parce que, de cette manière, les voiles montant aussi haut que possible sur les mâts, ceux-ci peuvent être moins longs.

J

JARRETIÈRES. — Rabans plats tressés en forme de sangle et recouverts de toile peinte. Ils servent à retenir sur la vergue la toile des voiles quand elles sont serrées. Les jarretières peuvent être cousues sur la gaîne des voiles, ou fixées sur la filière d'envergure. D'autres fois leur queue est passée dans les torons de la ralingue d'envergure. La distance qu'on laisse de l'une à l'aure est d'un mètre.

JEU (de voiles). — C'est la collection complète de toutes les voiles que peut porter un navire. On n'a qu'un jeu de voiles quand on n'en n'a qu'une de chaque espèce. On en a deux jeux si chaque voile est en double à bord. Enfin on nomme jeu de rechange, un jeu incomplet mais comprenant toutes les voiles dont les règlements prescrivent d'avoir un double. Ce sont les voiles majeures, focs, artimon et brigantine.

JOTTEREAUX. — Forts placages en bois solidement chevillés à tribord et à bâbord des bas mâts, pour supporter les élongis et résister à l'effort des capelages.

JUSTE (Coudre ou ralinguer). — Ne pas boire dans la couture ou dans le ralingage.

L

LACER. — Réunir deux bords de voiles en passant une ligne ou un petit raban dans les œillets de leurs gaînes.

LACHE (Toile). — Dont le tissu n'est pas assez serré.

LAISE, LAIZE ou LÉ. — Toile à la pièce. Bande coupée dans la pièce et qu'on n'a ni rétrécie en la coupant, ni élargie en la cousant à une autre. La marine emploie des toiles diverses et dont la laize a des largeurs différentes, mais pour les voiles de navire on n'emploie que la laize de 0m,57.

LANGUE DE CHAT (Coupe en). — Morceau de toile triangulaire. Laize dont la hauteur de coupe égale la longueur, de sorte qu'elle ne contient pas de fils de trame intacts, si ce n'est un à sa base.

LARDER. — Passer l'aiguille dans les torons de la ralingue. Mauvais travail qui manque quand on le met au palan. C'est aussi passer des fils dans une toile et les y laisser. On appelle paillets lardés ceux dans lesquels on a passé des bouts de fil de caret qu'on ouvre ensuite en étoupe.

LATINE (Voile). — Voiles triangulaires de toute sorte, mais plus particulièrement celles des bateaux à antennes de la Méditerranée.

LATTE. — Morceau de bois ou de fer, plat, long et mince. Il y en a de beaucoup d'espèces et qu'on emploie à des usages très-variés.

LÉGER. — Nom qu'on donnait autrefois aux toiles mélis simple. Le léger correspond aujourd'hui au n° 7.

LIGNE. — Petit cordage en trois, commis de gauche à droite, et qui sert à une infinité d'usages, notamment pour faire tous les amarrages solides, les rabans, transfilages, bagues, etc. Il y en a de plusieurs grosseurs.

LIGNER. — Tracer des lignes au cordeau.

LIMANDE. — Bandes en toile goudronnée qu'on enroule souvent sur les ralingues avant de les fourrer. (Voir fig. 126, pl. VIII.)

LIS. — Synonyme de lisière, bord des toiles à voiles. L'intervalle compris entre la lisière et le fil de couleur qui ser à marquer la couture s'appelle aussi lis, mais improprement.

LIS A LIS (Coudre). — Faire une couture sans recouvrement, c'est ce que les tailleurs appellent faire un surjet.

LIVARDE ou Baleston. — Perche longue et légère, qui sert à établir certaines voiles en roidissant leur diagonale de pic. La livarde s'appuie sur une estrope fixée au mât. Les voiles qu'on établit ainsi s'appellent voiles à livarde, et sont lacées sur le mât par leur chute avant.

LISER. — Mesurer deux toiles lis à lis. Expression des ports de l'Océan.

LUZIN. — Petite ligne faite avec fils carets fins, commis ensemble dans le sens du bitord. Le luzin s'emploie pour les amarrages et le merlinage des voiles; il ne diffère du merlin qu'en ce qu'il a un fil de moins.

M

MÂCHOIRE. — Espèce de fourche ou croissant, ayant la forme d'un demi-cercle, qu'on fait sur le bout intérieur des cornes de brigantine, guis, et de certains arcsboutants, pour les appuyer sur le mât qui les porte et le leur faire embrasser.

MAILLE. — Sorte d'anneau extérieur qu'on fait de place en place avec la ralingue même de la voile qui en porte, notamment sur le haut des bonnettes dites à maille. Les mailles sont régulièrement espacées de 15 à 16 centimètres, et sont toutes de même longueur, pour qu'après avoir passé dans les œillets de la voile principale elles puissent être baguées l'une sur l'autre, à la manière des points de chaînette.

MAILLÉE (Bonnette). — (V. Bonnette).

MAILLOCHE. — Outil servant à fourrer.

MAITRESSE (Pointe). — C'est la plus longue laize de pointe d'une voile enverguée; celle qui touche la première laize du carré. Ce mot de maîtresse pointe s'emploie surtout en parlant des voiles auriques et de la plus longue de leurs pointes au mât.

MAJEURES (Voiles). — Ce sont les huniers et les basses voiles.

MANCHE A VENT. — Appareil en toile, et quelquefois en tôle, qui sert pour aérer les diverses parties d'un bâtiment. Il y en a de plusieurs espèces. Dans les batteries des grands navires des manches de sabord reçoivent le vent par l'avant et le conduisent en bas jusqu'au faux pont. Sur certains vapeurs des manches en tôle, terminées par un pavillon ou entonnoir, qu'on tourne à volonté pour l'offrir au vent, remplissent le même office.

La manche la plus universellement employée est verticale et faite en toile à voiles. Il y en a deux espèces: l'ancienne, qui est à simple effet, se compose d'une guérite, à l'ouvert de laquelle on étend deux ailes pour y conduire plus de vent, et d'un long tuyau inférieur, appelé corps, qui conduit le vent où l'on veut. L'inconvénient de ce système est qu'il faut changer l'orientement des manches à mesure que le vent tourne ou que le bâtiment évite, faute de quoi elles sont inutiles. La nouvelle manche à vent est à double effet et s'oriente d'elle-même pour tous les vents. La manière dont ce résultat est obtenu est fort simple. On donne à la partie inférieure de la manche la forme ordinaire. Toute la différence est dans la tête, qui est ouverte de deux côtés opposés. Un masque intérieur partage en deux cette tête, et selon que le vent souffle d'un bord ou de l'autre, le masque va fermer l'ouverture qui laisserait échapper le vent, et le conduit dans le corps principal.

Nous allons donner le détail de ces manches, que nous avons proposées pour le première fois au port de Lorient, et qui, depuis, ont été rendues réglementaires . (V. fig. 176 et 177, pl. XI.)

La tête, dont il y a trois dimensions, une pour les vaisseaux et grandes frégates, une pour les bâtiments moyens, et une pour les petits, la tête, disons-nous, se compose d'un entonnoir destiné à conduire le vent au corps de la manche, qui est suspendu par deux triangles en toile ralinguée, cousus vis-à-vis l'un de l'autre aux extrémités d'un même diamètre, et d'un masque envergué à double effet. Celui-ci descend jusqu'au fond de l'entonnoir, entre les triangles de suspension.

Les dimensions de ces têtes sont les suivantes:

N°1. N°2. N°3.
Laizes de l'entonnoir (Nombre) 8 8 8
Hauteur de l'entonnoir 1,25 1,25 0,90
Diamètre supérieur 0,92 0,92 0,72
Triangles de support Hauteur 2,75 2,50 2,20
Bases 0,53 0,53 0,47
Hauteur dans le sens vertical 4,00 3,500 3,00
La laize dans sa plus grande largeur 0,55 0,50 0,45
Largeur de l'envergure, les laizes assemblées 2,00 1,80 2,60

Toutes ces toiles sont découpées conformément aux dessins de la figure 176, pl. XI, qui en représente toutes les parties.

Les traits de jonction ponctués indiquent la manière dont il faut rattacher les pièces ensemble. Ainsi CD, pied du masque, doit descendre en C'D', SP et S'P' sont cousus en sp et s'p' sur l'entonnoir, etc.

Bombé par sa forme, également susceptible de recevoir le vent dans un sens et dans l'autre, et cousu seulement par ses bords BflD et AmnC, le masque est placé au centre, comme une soupape que le vent pousse dans un sens ou dans l'autre, à son gré; mais, quel que soit ce sens où le masque est chassé, il s'applique sur la partie opposée de l'entonnoir, il y devient obstacle, et par conséquent il conduit le vent dans le corps d'en bas.

Les triangles de suspension sont ralingués comme l'indique la figure, et leurs ralingues forment des erseaux qui sont bridés ensuite sur la tête de l'entonnoir.

Le corps cylindrique des manches est uniformément composé de deux laizes; il ne diffère pas des anciens.

La manche en place (fig. 177, pl. XI), est suspendue par un cartahu, et, pour qu'elle ne soit pas trop agitée par le vent, il est bon d'y ajouter une patte d'oie qui la maintient en travers. On peut la laisser en place indéfiniment et elle s'oriente d'elle-même, ce qui est un avantage partout, mais plus encore sur les bâtiments désarmés.

MANGÉE. — Se dit d'une voile usée par le frottement.

MANILLE. — Fer rond en forme de fer à cheval, fermé par un boulon mobile et qui sert à une foule d'usages, notamment à mettre les bouquets dans les points de basses voiles. Le boulon de ces manilles est à clavette.

MARCHÉ (Travail au). — Synonyme de travail à la tâche. Convention par suite de laquelle on paye les ouvriers d'apres l'ouvrage qu'ils ont fait. Les voiliers ont travaillé longtemps au marché. Le port de Toulon a conservé le dernier ce système de travail, aujourd'hui complétement abandonné avec juste raison.

MARIAGE. — Jonction de deux toiles cousues ensemble. Ce mot a une foule d'emplois analogues en marine.

MARQUISE. — Genre particulier de tente, qu'on place au-dessus des autres tentes, à un mètre environ, pour empêcher qu'elles ne s'échauffent.

MARSOUIN. — Tente placée en avant du mât de misaine (fig. 105, pl. VI).

MASQUE. — Petite voile verticale servant d'abri contre le vent, la fumée, etc. On en met un rade au vent du tuyau de la cuisine.

MAT DE CORDE. — Gros cordage tendu le long d'un mât pour servir de guide ou d'appui à la voile. Dans tous les essais qu'on a faits de mâts de hune d'assemblage, on hisait les huniers sur des mâts de corde. Sur les côtres et goëlettes on hisse la vergue de fortune sur un mât de corde, pour que son racage ne rencontre par les cercles de la voile aurique. Quelquefois la chute au mât des voiles auriques est enverguée sur un mât de corde.

MÉLIS. — Nom qui désignait autrefois une certaine espèce de toile. On en distinguait plusieurs espèces: le mélis simple fort, le mélis simple et léger, le mélis double. Ce dernier est remplacé aujourd'hui par la toile n° 5: le mélis simple fort par la toile n° 6: enfin le mélis simple et léger, par les toiles nos 7 et 8.

MERLIN. — Petit cordage à trois fils de caret fins commis ensemble.

MERLINER. — Fourrer avec du merlin. Les ralingues sont merlinées aux points d'écoute.

MESURER. — Synonyme de Régler. S'assurer qu'une voile a les dimensions voulues.

MESURERS. — Déterminer la forme des voiles, au moyen de lignes tendues, s'appelle prendres des mesures.

MÉTRAGE. — Quantité de toile (en mètres courants) que renferme une surface quelconque.

MINAHOUET. — Planchette en bois qui remplace la mailloche à fourrer.

MINOTS. — Arcs-boutants en bois, placés de chaque bord en dehors de la poulaine, et sur lesquels amure la misaine carrée.

MISAINE. — Basse voile carrée du mât de misaine sur les bâtiments à trait carré. Basse voile aurique des goëlettes. Voile du mât de misaine dans les bateaux et canots. — MÂT DE MISAINE, celui des mâts verticaux qui est le plus en avant, sur les bâtiments qui en ont plusieurs. On appelle misaine goëlette des bâtiments carrés, la voile aurique de leur mât de misaine. On dit, en général, misaine carrée, misaine goëlette, misaine latine, misaine à livarde, misaine en houari, etc. suivant le genre de la voile portée par le mât.

MOQUE. — Poulie d'une forme particulière qu'on place aux points des huniers dont l'écoute est double.

MORDRE. — Synonyme de s'engager, se prendre. On dit que la toile se mord, ou qu'elle est mordue, quand elle s'engage dans le réa d'une poulie.

MORFONDUE. — Ralingue ou filin fabriqué avec de vieux cordages.

MOU. — Différence entre les longueurs de deux toiles qu'assemblera une même couture, ou entre la longueur d'une toile et cette de la ralingue qui la borde.

MOUCHER. — Couper carrément l'angle d'un point pour en ralinguer le contour.

N

NERF. — Ligne ou corde passée en coulisse dans une gaîne. On place un nerf dans la chute arrière des voiles latines.

NOISETTE (Casse-). — Une ralingue fait casse-noisette quand elle craque sous le palan. Cela prouve qu'on a trop souqué le point et pas mis assez de boisson, ou qu'on a lardé les torons de la ralingue.

NOIX. — Épaulement qu'on laisse à la tête des mâts supérieurs pour supporter les capelages. Dans les mâts de petite dimension les noix sont percées d'un clan pour drisse.

O

ŒIL. — Trou pratiqué dans une voile et qu'on garnit d'un anneau en filin; nom qu'on donne à un anneau fait sur un filin sans en couper les bouts.

ŒIL-DE-PIE. — Synonyme d'œillet de ris, trous par où passent les garcettes de ris, ou les filières dans les ris Belleguic.

ŒILLET. — Petit anneau en ligne ou en corde, qui sert à protéger le bord des trous qu'on perce dans les voiles pour y passer certaines cordes ou amarrages. Œillet s'entend aussi du trou lui-même, lorsqu'il est garni de son œillet et prêt à servir. Les œillets portent des noms des divers, suivant leurs emplois; ainsi on dit: œillets d'envergure, de ris, de fond, de pattes de palanquins, etc.

ŒIL-DE-BŒUF. — Passe en rosace faite en fil à voiles et à demi-clefs. L'œil-de-bœuf sert à boucher les trous des œillets qu'on veut supprimer.

OURLET. — Synonyme de gaîne.

P

PALANQUIN. — Manœuvre courante, ordinairement double, qui sert à hâler vers le bout des vergues les cosses d'empointure de ris ou les cosses d'envergure.

PAPILLONS. — Synonyme de contre-cacatois, voiles légères hissées au-dessus des cacatois et qu'on nomme aussi royaux. Les bâtiments de l'État n'en font point usage.

PATTE. — Anneau en corde qu'on frappe en certains endroits des ralingues. On le fait avec un toron recordé sur lui-même. On en fait un grand usage en voilerie, et on les désigne par le nom de leur emploi. Ainsi on dit: patte de ris, de palanquin, d'envergure, de bosse, etc. Lorsque la patte est à la fois maintenue ouverte, et protégée contre l'usure par une cosse intérieure en métal, dont elle devient alors l'estrope, on la nomme patte à cosse.

PAUMELLE. — Outil de voilier qui remplace pour lui le dé à coudre. C'est une petite plaque en fer, criblée comme un dé, montée sur un demi-gant en cuir fort, et placée de manière à s'appuyer sur la paume de la main, d'où lui vient son nom de paumelle. On appelle aussi la paumelle paumet ou fer. Celles de Bordeaux ont la réputation d'être de qualité supérieure.

PAVOIS. — Muraille légère et volante, en bois ou en toile. On en souvent au-dessus des plat-bordes des petits bâtiments pour les garantir de la mer. Autrefois on garnissait la poulaine de pavois en toile peinte, appuyés sur un filet.

PENDANT D'OREILLE. — Poulie aiguilletée au bout d'une vergue. Autrefois on en mettait au bout de celles de perroquet pour hisser leurs bonnettes; aujourd'hui on les fouette au capelage.

PENTE. — Laize de toile en rideau sur le côté des tentes.

PERROQUET. — Voile carrée qui établit au-dessus des huniers. Celui du grand mât s'appelle grand perroquet; celui du mât de misaine, petit perroquet; celui d'artimon s'appelle perruche.

PERRUCHE. — Perroquet d'artimon.

PIQUÉE (Toile). — Toile avariée par moissisure, et sur laquelle on voit des taches noires qu'on nomme nielles.

PIQUER. — Coudre à points plats en ligne droite. Le point piqué est moins exposé que les autres aux frottements des cargues.

PIQUETS (Coupe aux). — Coupe d'une voile quand elle est faite à plat, sur un plan de grandeur naturelle. Ce nom vient de ce qu'autrefois on figurait les voiles sur le sable, avec des cordeaux tendus sur des piques enfoncés à la place de leurs points.

PLACARD. — Morceau de toile qu'on applique sur les voiles pour recouvrir une partie avariée sans la délivrer. Quand on délivre la vieille toile, on dit mettre des pièces.

PLACARDER. — Appliquer des placards.

PLANCHE. — Une voile fait planche quand sa surface est aussi plate que possible sous l'effort du vent. C'est une qualité nécessaire pour le plus près.

PLAT-BORD. — Pièce de charpente qui recouvre le tête des couples. Les murailles du pont des navires, la fargue des canots, les pavois, quand il y en a, sont montés au-dessus des plats-bords.

PLIANT. — Siége sans dossier, en forms d'X et recouvert en toile.

POINÇON. — Outil en fer emmanché, qui a la forme d'un fuseau, et sert, quand on ralingue, à écarter les torons pour livrer passage à l'aiguille. Il y a deux grandeurs de poinçons: la première a de 16 à 17 centimètres de long, sur 12 millimètres de diamètre. La seconde dimension a de 9 à 10 centimètres de long, sur 7 millimètres de diamètre. Les pointes sont adoucies. On emploie aussi pour certains travaux un poinçon tranchant à la pointe et qui a de 15 à 20 centimètres.

POINT. — Synonyme d'angle, pour les voiles. Ce nom est une abréviation de point d'attache, parce que effectivement les angles des voiles en sont les principaux points d'attache. La forme des points varie beaucoup, suivant les voiles et suivant les usages locaux.

POINTE. — Laize coupée en biais.

POINTER. — Bâtir, au moyen de points piqués de distance en distance, deux toiles qu'on vent coudre. On pointe les ralingues afin d'en mieux conduire la boisson.

PORTÉE. — Longueur de couture qu'un ouvrier peut faire sans reprendre le croc. La longueur de fil qu'on coupe sur l'écheveau se nomme aussi portée; elle se règle sur la longueur de la brassée.

PORTUGAISE. — Nom d'un amarrage croisé, où la ligne fait à chaque passe des tours alternatifs complete autour des deux filins qu'elle relie. La portugaise s'emploie dans les points coudés où la cosse est placée dans la toile.

POUILLOUSE. — Voile de cape triangulaire, dont la draille part de la tête du grand mât et va au pied du mât de misaine.

PRÉLART. — Couverture mobile, en toile peinte, qu'on met sur les panneaux, bastingages, dromes, etc. en temps de pluie. On désigne les prélarts par les noms des objets qu'ils abritent; ainsi on dit, prélart de panneaux, de bastingages, etc. On emploie depuis peu, pour les prélarts, une toile particulière et imperméable, qui n'a pas besoin de peinture. Comme elle subit un rétrécissement considérable, il est bon, en s'en servant, de tenir les prélarts neufs trop grande de 1/20 en chaîne, et de 1/40 à peu près en trame.

Q

QUEUE (Voile à). — Voile mal faite et où la différence entre la bordure et l'envergure n'est pas ce qu'elle doit être.

QUEUE DE RAT. — Tresse ronde et terminée en pointe, qu'on fait au bout d'un cordage avec les extrémités de ses fils de caret. L'éspissure en queue de rat est celle où l'on épisse deux filins inégaux, de telle manière que le passage d'une grosseur à l'autre soit fait en diminuant progressivement la différence de leurs diamètres.

R

RABAN. — Tresse en menu filin qui sert à attacher, à retenir un objet quelconque. On donne en particulier le nom de raban aux bouts de ligne ou de quarantenier qui servent à faire le dormant des empointures sur les vergues. Ceux qui font les empointures d'envergure s'appellent rabans d'envergure; ceux qui font les empointures des ris s'appellent rabans d'empointure de ris et rabans de contre-empointure.

RABATTRE. — Faire la seconde rangée de points sur le bord du lis dans la couture ordinaire.

RACAGE. — Anneau en corde qui empêche les vergues de s'écarter du mât qui les porte. Certains racages sont garnis en cuir; d'autres sont faits avec des morceaux de bois appelés pommes et bigots, qui sont enfilés dans les cordes multiples du racage.

RADOUB. — Réparation des voiles, remplacement des parties détériorées.

RAFRAÎCHIR. — Recouper légèrement les bords d'une voile en réglant la largeur de sa gaîne.

RAGUER. — Synonyme de frotter.

RAGURE. — Usure causée par le frottement.

RALINGUER. — Poser les ralingues.

RALINGUES. — Cordages qu'on fixe autour des voiles pour empêcher leurs bords de se rompre sous l'effort du vent. Elles portent le nom des côtés sur lesquels elles sont appliquées; ainsi on dit, ralingue de bordure, d'envergure, etc. Les ralingues sont en trois et en premier brin, afin qu'elles soient plus fortes, plus souples et moins sujettes à allongement que le filin ordinaire.

RASER. — Rectifier les sinuosités d'une courbe.

RECOUVREMENT. — Quantité dont une laize en double une autre pour la couture. Le recouvrement est forcé quand la couture est forcée (voir ce mot).

RECULONS (Á). — Ralinguer à reculons, c'est ralinguer de droite à gauche, c'est-à-dire en portant l'ouvrage à droite à mesure qu'il est fait, tandis que dans le ralingage ordinaire on le pousse à gauche.

RENFORT. — Double épaisseur de toile qu'on donne aux voiles en certaines parties.

RENFORCER. — Appliquer des renforts.

REPRISE. — Petite réparation qu'on fait en passant des fils dans la toile pour la renforcer.

RETOUCHER. — Synonyme de rectifier une voile mal faite, la remettre en dimensions.

RIBOT. — Tronc de cône en bois, qui sert de point d'appui pour ouvrir au burin les pattes où l'on veur mettre une cosse.

RIS. — Quantité dont la surface des voiles peut être diminuée dans le mauvais temps. Il y a deux espèces de ris: ceux des voiles carrées, qui sont toujours à bandes, et ceux des voiles auriques ou latines, qui le plus souvent n'en ont pas.

Les ris des voiles carrées sont marqués sur leur surface, parallèlement à l'envergure, et renforcés d'une bande en toile appelée bande de ris. La voile et la bande sont percées d'œillets, nommés œils-de-pie, qui servent à prendre les ris. Les extrémités de chaque ris sont garnies de cosses, appelées cosses d'empointures de ris, qui servent à fixer sur la vergue les extrémités du ris, lorsqu'on le prend.

Les ris des voiles auriques ou latines ont aussi des cosses à leurs extrémités, mais ordinairement ils n'ont pas de bandes, et se prennent avec des attaches fixées dans la voile, qu'on nomme hanets, et qui sont posées les coutures.

ROCAMBEAU. — Cerle en fer assez large pour courir librement sur le mât qu'il embrasse, et qui porte un croc sur lequel on accroche une vergue ou un point de voile. De cette manière, quelle que soit la partie du mât où l'on veut arrêter la voile, elle est maintenue près du mât par le cercle du rocambeau. Le bâton de grand foc porte un rocambeau, afin que le foc puisse être rentré à mi-bâton quand le vent est trop pour le porter au bout du bout-dehors. Toutes les voiles d'embarcation sont à rocambeau.

ROND. — (V. Courbe.)

RONDELLE. — Faire une rondelle, c'est boucher un trou par des passes de fil.

ROUSTER. — Synonyme d'amarrer, lier.

ROUSTURE. — Amarrage destiné à relier entre elles de pièces de bois. Quelquefois pourtant on nomme aussi roustures des amarrages faits sur deux filins.

S

SAC (Faire le). — Une voile fait le sac quand elle bombe trop, quand elle n'est pas plate. Cela vient souvent de la manière dont les ralingues sont posées.

SANGLE. — Tresse plate, de largeur moyenne, faite en bitord, et qui sert à recouvrir certains filins. Autrefois les ralingues, au lieu d'être basanées, étaient recouvertes de sangles.

SOUTE. — Synonyme de magasin. Compartiments de la cale des navires. La soute aux voiles est le magasin où sont logés, à bord, les voiles de rechange et autres objets confectionnées de voilerie.

SUR L'EAU (Mettre). — Terme usité au port de Toulon pour exprimer qu'on met une voile en haut d'une pile.

T

TABLIER. — Grand doublage qu'on place au centre des huniers et perroquets, sur leur face arrière, pour les garantir contre le battement sur les mâts et sur le gréement.

TAILLE. — (V. Coupe.)

TAILLER. — Couper une voile

TAILLE-VENT. — Synonyme de grand'voile à bord des lougres et chasse-marées.

TALON. — Somme totale des coupes de bordure d'une voile aurique.

TAPECUL. — Le mât d'artimon, lorsqu'il est planté tout à fait sur l'arrière, s'appelle mât de tapecul, et la voile de lougre qu'il porte alors s'appelle tapecul.

Dans les embarcations et bateaux qui ont un mât en arrière de la chambre, on appelle ce mât mât de tapecul, et la voile qu'il porte tapecul, quelle qu'en soit la forme. Le tapecul borde toujours sur un borde-dehors poussé en arrière de l'embarcation, et qu'on nomme bout-dehors de tapecul.

TAUD. — Tente en toile forte, en forme de toit, pour laisser couler les eaux de pluie. On établit des tauds sur le pont pour abriter les hommes.

TÉMOIN. — Bout d'une pièce de toile où les fils de chaîne sont réunis en faisceaux, qu'on nomme portées. Le témoin sert à compter le nombre des fils dans les recettes.

TENTE. — Vastes surfaces en toile qu'on étend horizontalement à une certaine hauteur au-dessus des ponts pour les garantir du soleil. Elles portent différents noms. Le marsouin est la tente la plus de l'avant; la grand'tente vient ensuite, entre le grand mât et le mât de misaine; on l'appelle aussi tente des passavants. Le tente du gaillard d'arrière s'étend entre le grand mât et le mât d'artimon. La tente de dunette est la dernière.

TÊTIÈRE. — Synonyme d'envergure.

TOILE (à voile). — Il s'en fabrique de différentes grosseurs, qu'on proportionne aux usages auxquels elles sont destinées. La toile à voile proprement dite a une largeur uniforme de 57 centimètres en trame, et les pièces ont une longueur d'environ 60 mètres en chaîne.

Pour la voilure des embarcations des toiles plus étroites sont préférables. Au contraire, pour les prélarts, tauds, etc. des toiles plus larges sont avantageuses. On fait des toiles en chanvre, en lin et en coton. Celles de chanvre, quand elles sont bien faites, sont les meilleures de toutes; celles de lin viennent après, et peuvent aussi être très-bonnes; celles de coton ne valent jamais les autres, à beaucoup près.

Les conditions nécessaires pour qu'une toile à voile soit bonne sont la force, la légèreté, la souplesse et la résistance aux déformations. Pour les obtenir il faut donner aux fils de chaîne et de trame un rapport convenable de force. (V. l'Appendice.)

TON. — Partie de mât située au-dessus du capelage, et qui sert à porter un chouquet pour le passage du mât suivant.

TOURMENTIN. — Voile de cape; synonyme de Trinquette (voir ce mot).

TRAME. — C'est le nom des fils qui, dans la toile, sont tissés en travers des chaînes, c'est-à-dire en travers de la longueur des pièces.

TRIANGLE DE COUPE. — Quand une laize est coupée en biais, on nomme triangle de coupe toute la portion de sa surface où les fils de trame sont entamés. La portion de la laize où les fils de trame sont intacts s'appelle le carré de la laize. Le triangle de coupe est toujours rectangle, puisque les chaînes et les trames sont perpendiculaires entre elles. La hauteur du triangle de coupe s'appelle coupe ou hauteur de coupe, sa base est le droit fil de la toile, son hypoténuse, appelée hypoténuse de coupe, donne la longueur que la laize en pointe fournit au côté de la voile dont elle fait partie.

TRINQUETTE. — Voile triangulaire qui s'établit sur draille, entre la tête du mât de misaine et l'étrave. Sur les côtres la trinquette s'appelle quelquefois misaine. Sur les bâtiments gréés en carré, la trinquette est seulement employée à la cape et par très-mauvais temps, sur une draille volante qu'on dépasse aussitôt qu'on ne se sert plus de la voile. Quand elle sert comme voile de cape, la trinquette s'appelle aussi tourmentin.

TRÉSILLON. — Morceau de bois ou de fer qu'on passe entre les deux branches d'un anneau en filin, et qu'on tourne ensuite indéfiniment pour serrer deux cordes l'une contre l'autre. En pareil cas, on dit qu'on fait trésillon.

TROMPE. — Synonyme de Manche à vent (voir ce mot).

V

VERGUE. — Pièce de bois de sapin servant à établir une voile. Quelquefois on emploie le mot vergue pour désigner l'envergure d'une voile. Ainsi on dit: cette voile a tant de vergue, et cela veut dire: elle a tant de longueur d'envergure; cette voile a telle coupe à la vergue, la coupe de la vergue est de tant.

VIDELLE. — Sorte de reprise en fils croisés qu'on fait sur un commencement de déchirure. Une videlle faite à temps évite quelquefois des avaries.

VISITER. — Examiner l'état d'une voile et prononcer sur son degré d'usure.

VOILE. — Surface de toile destinée à recevoir le vent et à en transmettre la force au navire. Les voiles on deux formes principales: elles sont ou triangulaires ou à quatre côtés, et portent une foule de noms différents, suivant leurs emplois, leur coupe et la manière de les établir.

VOILERIE. — Atelier où l'on fait des voiles.

VOILIER. — Littéralement ouvrier qui fait des voiles. Ce mot, pris dans le sens emphatique, veut dire un homme expérimenté dans l'art de voiler, capable de tracer, couper, calculer, réparer toute espèce de voiles, en un mot, voilier consommé. Par contre, les simples ouvriers s'appellent ordinairement ouvriers voiliers.

VOILURE. — Ensemble des voiles d'un bâtiment. C'est aussi l'ensemble des voiles sous lesquelles il navigue à un moment donné, mais alors on dit: le navire porte telle voilure, ou quelle voilure avez-vous? mais le mot la voilure, employé seul, indique la totalité des voiles qu'on peut porter.

On dit aussi qu'un bâtiment a une voilure de brick, de goëlette, etc. pour indiquer qu'il est gréé en brick ou en goëlette, ou qu'il a une voilure de vaisseau, de frégate, pour indiquer que la surface de sa voilure est la même que celle d'un vaisseau ou d'une frégate.


Consolin, B.: Manuel du voiler. Revù et publié par ordre de S. Exc. M. l'amiral Hamelin, ministre de la marine. Ouvrage approuvé pour l'instruction des élèves de l'Ecole Navale et pour celle des voiliers des arsenaux.
Imprimerie Impériale, Paris, 1859. +8vo, (4), iv, 520 pp, 11 fold. plates.
Another edition: +4to, 520 pp, 9 fold plates.
Pages 441-480 constitues a "vocabulaire".


Transcribed by Lars Bruzelius.


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