Bonnefoux: Séances nautiques ou traité élémentaire du vaisseau a la mer, 1831.

SÉANCE XXIII.

I. De la Perte du Gouvernail. — II. Mouyens Provisoires de Gouverner, d'Arriver et de Virer de Bord. — III. Des Gouvernails de Fortune: du Pilote Olivier; de la Corvette le Duc-de-Chartres; de l'Amiral Willaumez; du Capitaine Peat; du Capitaine Pachenham; du Capitaine Bassière, et du perfectionnement de Molininari.

I. Un échouage, de fortes lames, le feu de l'ennemi, les oscillations précipitées d'un vaisseau dématé sur une mauvaise mer, la difficulté de coincer solidement le gouvernail dans la jaumière après la rupture de la barre, sont les causes qui entraî.nent ordinairement la Perte du Gouvernail. Cette avarie est très-grave et peut compromettre le vaisseau; aussi les marins sont-ils étrangement surpris que l'auteur d'un ouvrage très-estimé et très-digne de l'être sous bien d'autres rapports, ait avancé qu'à. la rigueur les manœuvres de toute espèce pourraient s'exécuter sans le secours de cette machine et par la seule action des voiles. Il n'en est point ainsi dans la pratique; on ne peut faire évolouer un vaisseau au moyen de ses voiles que dans un très-petit nombre de circonstances, et en les manœuvrant suivant leur effet connu et d'après le résultat qu'on veut obtenir; mais alors c'est très-délicat, très-fatiguant, et il n'en demeure pas moins vrai que la perte du gouvernail doit toujours être regardée comme très-funeste. Aussitô.t que le gouvernail est démonté, la première manœuvre à. faire est de mettre en panne avec peu de voile de l'avant, ou à. la cape s'il vente grand frais; et la première précaution à. prendre est d'aveugler le gousset de la jaumière afin d'empêcher l'intrduction de l'eau, car elle serait nuisible à. bord et dangereuse sur l'esprit de l'équipage. Si le gouvernail n'est que démonté et qu'il tienne encore à. ses chaî.nes ou sauvegardes, on travaille à. le remettre en place; si la mer est trop forte on le prend à. bord pour le remonter dès qu'il sera possible, et si seulement quelques aiguillots cassés entraî.nent leurs roses et nuisent à. l'opération, on peut les dégager avec une gueuse de 25 kilogrammes suspendue à. un bout de corde qu'on passe dans chacun de ses trous. On la laisse couler le long de létambot au'dessous de chaque ferrure, et en hâ.lant avec force de bas en haut, on frappe le bout inférieuur de l'aiguillot et on le fait sauter par-dessus le femelot.

II. &hellip.

III. DES GOUVERNAILS DE FORTUNE. — Plusieurs gouvernails de fortune ont été proposés et exécutés; ils ont leurs avantages et leurs inconvéniens particuliers; nous nous en occuperons successivement; mais comme celui de capitaine Dussueil est le plus parfait, et qu'il est adopté par le gouvernement qui en délivre un tout prêt à. chaque bâ.timent, nous en parlerons avec le plus de détail.

GOUVERNAIL DE FORTUNE Du Pilote Olivier: Ce gouvernail se compose d'une vergue fixée à. une main de fer sur l'étambot ou filée de l'arrière dans le sens de la quille, position dans laquelle le sillage la place naturellement, et où. elle est maintenue au bord par un grelin qui sort de la jaumière, et par deux itagues faisant dormant aux deux bords de la poupe. La vergue est garnie vers son extrémité de deuc ou quatre affû.tes chargés de gueuses ou de boulets ramés, et à. cette extrémité qui est la plus éloignée du bord, sont frappés deux faux-bras qui y reviennent par des arcs-boutans, et qui servent à. gouverner comme nous l'avons expliqué tout à. l'heure. On peut faire supporter cette extrémité, si elle plonge trop, par une haussière ou balancine qui appelle du couronnement. Ont prétend que ce gouvernail résiste mal à. une grosse mer; mais malgré cet inconvénient, et quoiqu'il ne puisse pas servir quand on cule, qu'il faille même alors le filer préalablement de l'arrière pour que le vaisseau ne le détruise pas, ou pour qu'il n'endommage pas le vaisseau; cependant sa simplicité et son effet éprouvé sont tels qu'il doit être cité avec la plus grande recommandation. …


P.M.J. de Bonnefoux: Séances nautiques ou traité élémentaire du vaisseau a la mer, par P.-M.-J. Bonnefoux, capitaine de frégate, commandant l'école préparatoire de la marine. Seconde édition. Revue, corrigée et augmentée d'un Appendice contenant:
  1. L'explication du système des signaux de jour, de nuit et de brume, télégrahicues et du guet;
  2. La définition des termes principaux de la tatique navale;
  3. L'indication de phares. Fanaux et feux de port, étallis sur le littoral de la France.


Duplessis Ollivault, Toulon, 1831 (2nd). 8vo, 16.5x8.5 cm, viii, 447, (2) pp, 2 fold. plates.
First edition 1824.

Transcribed by Lars Bruzelius


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